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Jan / 27

Esclavage : un Mémorial national des victimes à Paris

By / Florian Dacheux /

Esclavage : un Mémorial national des victimes à Paris

Oui, la portée symbolique est forte, puisque c’est dans les jardins du Trocadéro, là même où a été proclamée et signée la Déclaration des droits de l’Homme en 1948, que le futur Mémorial national des victimes de l’esclavage sera érigé le 23 mai 2025. Cette œuvre architecturale promet de rendre un hommage universel à la mémoire des quatre millions d’esclaves des anciennes colonies françaises. On en parle avec le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98) à l’origine du projet aux côtés de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie régionale de la Guyane, l’Association martiniquaise de recherche sur l’Histoire des familles et le Collectif réunionnais des noms pour la mémoire.

Le 27 avril 2018, à l’occasion du 170e anniversaire de la signature du décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, le président de la République s’était engagé à faire ériger à Paris un mémorial rendant hommage aux victimes de l’esclavage. Six ans plus tard, Emmanuel Macron a finalement tenu promesse puisque celui-ci sera bel et bien érigé le 23 mai 2025 dans les Jardins du Trocadéro, et ce à deux pas du musée de l’Homme, devenu depuis 2017 un lieu d’éducation contre le racisme. Pour ce faire, l’État, en collaboration avec la Ville de Paris, a lancé une procédure de mise en concurrence permettant à des paysagistes, architectes et scénographes de transmettre des propositions (avant le 30 janvier 2024) qui reflètent la fraternité, la réconciliation et le respect. Ce mémorial symbolisera un hommage aux 224 000 « nouveaux libres » nommés après l’abolition de l’esclavage en 1848 en Guadeloupe, Guyane, La Réunion, et Martinique. Les noms de ces personnes seront inscrits de manière pédagogique et respectueuse, classés par territoire et commune, facilitant ainsi la reconnaissance par leurs descendants.

« Le prolongement de la connaissance autour de cette mémoire est essentiel dans la lutte contre le racisme et les préjugés »

Cette œuvre architecturale, rendant hommage à la mémoire des quatre millions d’esclaves des anciennes colonies françaises, devrait également avoir une portée pédagogique via la mise en ligne d’une plateforme numérique spécifique. Une attention particulière sera portée à la jeunesse, afin de rendre accessible cette approche mémorielle aux futurs citoyens, qu’ils soient dans l’Hexagone ou dans les Outre-mer. « C’est le fruit de notre travail et nous en sommes très fiers », nous a confiés Josely Dorothée, vice-présidente du CM98, en marge de nos ateliers mémoire et journalisme de décembre 2023 à Rouen. « Parisiens, Français et touristes pourront enfin, au cœur de la capitale, prendre connaissance de cette histoire, poursuit-elle. Plus de 200 000 noms seront gravés pour qu’on n’oublie jamais. Le prolongement de la connaissance autour de cette mémoire est essentiel dans la lutte contre le racisme et les préjugés. Il faut un début à tout. En quelques décennies, je pense notamment au travail de la ville de Nantes, on rattrape des siècles. On compte beaucoup sur la nouvelle génération. » Pour rappel, un comité de pilotage de ce futur monument national s’était réuni le 20 septembre dernier pour décider de l’emplacement. La place surplombant la Tour Eiffel a fait l’unanimité. « Ce n’est pas seulement des noms, c’est un effort des descendants de sortir leurs aïeux de l’oubli », souligne pour sa part Serge Romana, co-président du comité de pilotage. Ainsi, l’Etat français se sépare peu à peu de son déni quant à son histoire coloniale.

 

Florian Dacheux

« Oser la liberté » avec des jeunes d’Epinay-sur-Seine !

 

Proposée jusqu’au 11 février 2024 au Panthéon, et ce à l’initiative du Centre des monuments nationaux et de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, l’exposition « Oser la Liberté » retrace l’histoire d’un combat : celui de la liberté contre l’esclavage dans l’histoire de France, une marche qui s’est déployée sur quatre siècles et trois continents, scandée de moments de ruptures, de régressions, de temps forts et de bascules. Après une première visite cet automne référencée sur notre centre de ressources histoire & mémoire, nous nous y rendrons le 31 janvier dans le cadre de notre cycle d’ateliers mémoire et journalisme avec les reporters du Conseil Municipal des Enfants d’Epinay-Sur-Seine.

Oser la Liberté, Figures des combats contre l’esclavage – Centre de ressources d’ailleurs et d’ici (dailleursetdici.news)

Florian Dacheux