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Mai / 14

À La Rochelle, un hommage inédit aux Marrons

By / La Rédaction /

La 19ème cérémonie nationale à l’occasion du 10 mai (Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions) s’est déroulée cette année pour la première fois hors de Paris, à La Rochelle, sous la présidence de Gabriel Attal. Dans son premier discours sur la mémoire de l’esclavage, le Premier ministre a rendu un hommage inédit aux Marrons dans l’histoire de France. Il a salué « l’esprit de résistance » et annoncé une exposition nationale en 2026. De belles perspectives dans notre long combat contre le racisme.

À La Rochelle, un hommage inédit aux Marrons

Par ce déplacement dans une ville qui a été le premier port français à se lancer dans la traite esclavagiste entre l’Afrique et les Amériques, en 1594, il y a 430 ans cette année, le Premier ministre a entendu montrer l’importance qu’il attache à cette page de notre histoire, à l’heure où les discriminations perdurent. Alors que la ville de La Rochelle est de longue date engagée dans la reconnaissance et la transmission de ce passé, le déplacement hors de Paris de la cérémonie nationale du 10 mai 2024 marque la volonté du Premier ministre de saluer le travail exceptionnel des élus locaux et des acteurs des territoires pour transmettre la mémoire, comme il l’a déjà fait à Arras à l’occasion de la cérémonie de la Journée nationale d’hommage aux victimes de terrorisme.

Au cours de ce déplacement, Gabriel Attal a salué la résistance des esclaves y compris sur le sol de la France métropolitaine, à travers la figure de Clarisse, une femme qui a vécu en servitude à La Rochelle sous la Révolution et qui y a demandé son émancipation, avant le vote de la première abolition en 1794. Une statue qui la représente, commande de la ville de La Rochelle, a été inaugurée. « Cette histoire fait partie de l’histoire du monde, de l’Europe, de la France, a notamment déclaré le Premier ministre. Elle s’est écrite à Versailles, à Paris, dans les ports de La Rochelle, de Nantes, de Bordeaux. (…) Trop longtemps, un voile a été jeté sur ce passé. Le reconnaître, ce n’est pas s’affaiblir, au contraire, c’est grandir. (…) Aussi longtemps qu’il y eut de l’esclavage, il y eut de la résistance (…) En ce 10 mai, c’est aussi cet esprit de résistance que je veux saluer. »

Le Premier ministre Gabriel Attal, accompagné par Jean-Marc Ayrault, Président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. © M. Vouzelaud Ville de La Rochelle

Le Premier ministre a par ailleurs marqué la solidarité de la France avec le peuple d’Haïti, nation née du combat contre l’esclavage en 1804 et qui connaît actuellement une situation dramatique, à travers la présence du sculpteur haïtien Filipo, qui est le créateur de la statue de Clarisse, et qui vit habituellement à Port-au-Prince. Le Premier ministre a dit souhaiter qu’une « grande exposition nationale sur la mémoire de l’esclavage puisse se tenir en 2026, pour le 25e anniversaire de l’adoption de la loi sur la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité ». Il a également annoncé la prochaine création d’un label spécifique pour les lieux de mémoire de l’esclavage, avant de rappeler la promesse du président Emmanuel Macron d’un mémorial dédié aux victimes de l’esclavage à Paris. Gabriel Attal a confirmé qu’il serait bien érigé l’année prochaine. « La France a une dette morale vis-à-vis d’Haïti, a pour sa part déclaré l’ambassadeur d’Haïti en France. Cette dette, je vous enjoins d’en faire quelque chose de concret en mémoire de Toussaint Louverture. (…) Je vous demande de nous aider davantage dans la reconstitution de nos institutions, nos économies, dans la lutte contre la pauvreté extrême. »

Organisée quai Aimé Césaire, la cérémonie a également été marquée par un cheminement musical avec le groupe Dissoo, une lecture d’un texte d’Aimé Césaire par des élèves du lycée AMEP (Association Martiniquaise d’Education Populaire) de Fort-de-France, ou encore par la restitution du travail de l’année des élèves du collège Fromentin de La Rochelle sur le combat du Réunionnais Furcy, qui s’est battu pendant 25 ans avant 1848 pour être reconnu libre par les tribunaux français.

Sources : Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, Le Monde, France Bleu La Rochelle

Crédit photos : © Mathieu Vouzelaud Ville de La Rochelle