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Mai / 25

Sur les planches, l’expression des minorités opprimées

By / Ekim Deger /

Interprétée magnifiquement par le metteur en scène et acteur Raymond Dikoumé, The Colored Museum, la célèbre pièce de théâtre de George C. Wolfe, retrace l’histoire et les problématiques dominantes de la population afro-américaine. Des ports négriers larguant les amarres d’Afrique jusqu’aux soirées de Harlem, le spectateur est emporté dans le quotidien de quelques figures emblématiques de la culture noire.

 

A VOIR LE 30 JUIN 2023 À MARSEILLE AUX DOCKS DES SUDS.

Sur les planches, l’expression des minorités opprimées

Plongés à travers les histoires de cinq personnages, on se retrouve confronté aux questions du racisme ainsi que de l’héritage de l’esclavage et de la ségrégation. L’histoire des Noirs aux Etats-Unis est racontée à travers un humour satirique et dramatique. Le premier personnage, hôtesse d’accueil au bord du négrier Le Celebrity, nous convie à passer un agréable voyage en sa compagnie. Nous sommes invités à partager avec gaité les sous-sols de ce bateau, entassés les uns sur les autres. Le degré d’ironie utilisé dans cet acte premier nous permet évidemment de vivre un moment alors invivable en son temps. A travers l’ironie, la pièce nous emmène sur les terrains de la guerre du Viet-Nam, du Gospel, de la question queer et des folles soirées de Harlem. La religion, elle aussi, est très présente dans le narratif de la pièce. L’auteur traducteur Raymond Dikoumé nous raconte avoir rencontré quelques difficultés. On lui reprocherait d’être communautariste en ne faisant jouer que des comédiens noirs. Dans une pièce sur l’histoire des Afro-américains, vous me direz que cela semble pour le moins tout à fait normal. Je comprends rapidement que, dans le milieu du théâtre, la pièce dérange. Qu’en est-il alors des pièces avec que des acteurs blancs ? Toujours est-il que The Colored Museum est une pièce drôle et provocatrice, quasi révolutionnaire. Elle invite à prendre conscience de la tragédie subie par les Africains à travers l’histoire coloniale étasunienne. Et nous avons bien besoin de pièces comme celle-là.

 

Ekim Deger

(Photos : © E. Deger & S. Duvignau)

Le 10 mai 2022, il s’agissait d’une lecture unique à l’occasion de la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Auteur, interprète et metteur-en-scène, Raymond Dikoumé propose à travers cette mise en bouche de découvrir cette œuvre, son univers et les questionnements identitaires qu’elle soulève tels que les thèmes du racisme, des stéréotypes, des conflits intra-communautaires dans la culture noire et de l’héritage permanent de l’esclavage et de la ségrégation.

Lauréat 2021 du prix d’aide à la traduction de la Maison Antoine Vitez , Raymond Dikoumé présentera une maquette le 14 juin dans le cadre du Festival Les Rencontres à l’échelle à la Friche Belle de Mai à Marseille. Une autre lecture arrangée aura lieu le 12 juillet au Festival d’Avignon.

Ekim Deger