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Juin / 16

Genou à terre: petites (et grande) histoires

By / Marc Cheb Sun /

De quoi le « genou à terre » est-il le nom ?

 

 

Alors que les Bleus s’apprêtaient à mettre le genou à terre au début de la rencontre France-Allemagne – Euro 2020, poule F, 1ère journée – ce 15 juin en soutien aux victimes des violences racistes, la décision des Allemands de ne pas effectuer ce geste de solidarité les aurait contraints à abandonner leur projet. Sans entrer dans les polémiques stériles alimentées par les courants réactionnaires et racistes français qui appellent à boycotter l’Equipe de France, remontons ensemble à l’origine de ce geste.

 

L’assassinat de George Floyd en mai 2020, mort sous le genou d’un policier américain, a suscité une vague de protestation à travers le monde. En France, les manifestations de juin 2020 à l’initiative du Comité Adama ont vu, pour la première fois depuis longtemps, la mobilisation de dizaines de milliers de jeunes issus en grande partie des quartiers sous cette forme. En Angleterre, ce sont les joueurs de Premier League (le championnat anglais) qui initient le mouvement, posant le genou à terre avant chaque match en protestation contre le racisme et en solidarité avec les victimes. En 2016, c’est le joueur de football américain Colin Kaepernick qui pose ce fameux genou politique au sol pour dénoncer l’oppression des Noirs. Cependant, l’origine du geste se trouve en dehors des stades. Martin Luther King effectue déjà ce geste politique antiraciste avec ses camarades de lutte à Selma en Alabama, le 10 février 1965. Un symbole qui s’inscrit dans le temps plus long de l’esclavage. Dès la fin du XVIIIème siècle le camp abolitionniste qui milite contre l’esclavage aux Etats-Unis commande un médaillon de porcelaine biscuit reproduisant un dessin anti-esclavagiste : un homme, genou à terre, écrit : Am I not a Man and a Brother ? On en trouve la traduction française au musée de Limoge : Ne suis-je pas un homme et un frère ? Et les idées circulent… Nombreux sont les révolutionnaires socialistes jacobins français ayant lutté à côté des antiracistes américains.

Les sifflets du public russe face aux joueurs belges lorsque ceux-ci ont mis le genou à terre avant le match Belgique-Russie le 12 juin dernier témoignent du malaise suscité par ce geste politique. Les dynamiques sociales et culturelles russes peuvent être moins métissées qu’en Belgique, en France ou en Angleterre mais siffler ce symbole de protestation contre les discriminations relève d’avantage de l’irrespect, de l’intolérance, et d’une immaturité.

Hugo Lloris, gardien et capitaine des Bleus, souhaiterait, lui, que toutes les équipes du tournoi imposent ce geste pour qu’il gagne encore en popularité.

 

Ekim Deger

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Marc Cheb Sun