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Fév / 16

Expo : Rocé en feu continu du côté de Bagnolet

By / Florian Dacheux /

Le regard toujours vif et la plume bien aiguisée, le rappeur Rocé poursuit son travail minutieux à l’aide d’une collection de vinyles aux allures d’ode aux résistances. Ce vendredi 18 février 2022, il inaugure Feu Continu, un espace culturel inédit au sein de Verdragon, la maison de l’écologie populaire située à Bagnolet. Une exposition permanente va prendre place au cœur d’un lieu de vie dédié aux archives musicales des luttes d’émancipation. L’enjeu étant la préservation de cette mémoire plurielle. Comme de sa transmission.

 

[En raison d’un important mouvement de grève des transports en commun, événement reporté au 15 MARS]

Expo : Rocé en feu continu du côté de Bagnolet

Alors qu’il peaufine son nouvel album dans la continuité de l’EP Poings Serrés, Youcef Kaminsky, alias Rocé, ne manque pas de projets annexes. Entrepreneur multitâche à la tête du label Hors Cadres, le rappeur russo-algérien poursuit son travail de mémoire entamé en 2006 dès la sortie d’Identité en Crescendo. Très sensible à l’histoire des déracinés, il a notamment fouillé des dizaines et des dizaines de pépites musicales et politiques avant d’éditer en 2018 Par les damnés de la terre, une compilation dédiée aux combats décoloniaux et aux luttes ouvrières. Près de quatre ans plus tard, le voici du côté de Bagnolet pour le lancement d’une exposition dès le 18 février. Intitulée Ce que les pochettes nous disent, elle a déjà reçu une belle visibilité du côté du Point Ephémère, de Jazz à Vienne ou encore du Centre Pompidou et du Palais de Tokyo. Cette fois, l’exposition va prendre place de manière permanente au cœur de Verdragon, la première maison de l’écologie populaire qui a ouvert ses portes l’été dernier à l’initiative des collectifs Alternatiba et Front des mères. A mi-chemin entre un lieu pédagogique pour les plus jeunes et de recherche pour les plus avertis, cet espace culturel inédit rassemble une collection de pochettes de disques datant des années 1970 qui racontent les luttes ouvrières, paysannes, féministes et anti-impérialistes (Haiti, Algérie, Guadeloupe, Afrique du Sud, Vietnam, Guinée…).

« Il s’agit d’un espace que l’on a décidé d’appeler Feu Continu dans le sens où il s’agit avant tout d’un lieu de vie et de réflexion que l’on compte figer dans le temps, affirme Rocé. Dans le paysage français actuel, il manque des espaces de mémoire et de discussion. A travers les pochettes de disque, on remet la lumière sur les histoires de ces oubliés qui se sont battus. Ces vinyles, qui ont été utilisés comme des tracts, en portent les traces. Et ces histoires, qui sont celles de nos parents, font partie de l’histoire française, que ce soit celle du monde ouvrier, de l’Algérie, du Maroc, du Bénin ou de la Guadeloupe. Ne pas nous apprendre cette histoire, c’est nous enlever des modes d’emploi de luttes. Les luttes passées ne peuvent pas uniquement se trouver figé dans la contemplation agréable et inoffensive, destiné au tourisme. Il est trop tôt pour cette défaite. Ces projets n’ont pas fini leur cri. Nous ne mettons pas le cri sous vitrine, nous aidons à le pousser plus fort. Cet espace n’est pas un étalage de l’engagement. Cet espace est engagé. Il ne cherche pas le succès événementiel, il cherche à prolonger les luttes. » Pensé comme un laboratoire à la manière d’une bibliothèque augmentée, Feu Continu a ainsi pour ambition d’incarner une forme de refuge des victoires en cours. Un lieu en bouillonnement perpétuel où des ateliers participatifs devraient rapidement voir le jour. « Je ne suis pas un collectionneur de vinyles, ajoute Rocé, avec dignité. Mon but, c’est de transmettre, c’est d’être un passeur. Ces disques montrent des résistances, des libérations, des fraternités. Il faut s’en servir pour faire raisonner le présent. C’est pourquoi on ne se fixe aucune limite dans ce projet. » A l’heure où les luttes en termes de justice sociale et d’urgence climatique se rejoignent, la démarche menée par Rocé chez Verdragon peut tout à fait faire sens sur la durée. Premier élément de réponse ce vendredi 18 février dès 19h rue de l’Épine Prolongée à Bagnolet.

 

Florian Dacheux

Florian Dacheux