Juin / 13
Serait-ce la fin d’une discrimination capillaire dans les écoles françaises de coiffure et plus largement dans les salons ? La création d’un certificat de qualification professionnelle (CQP) sur la coiffure des cheveux bouclés, frisés et crépus est en tout cas un signe fort.
Coiffure des cheveux texturés : un diplôme voit enfin le jour
Alors que nous vous révélions en juin 2020 que les cheveux bouclés, frisés et crépus étaient toujours en mal de formation, un tout nouveau Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) de la coiffure reconnu par l’Etat devrait changer la donne. Celui-ci proposera dès la prochaine rentrée de septembre une formation post-CAP de 217 heures (en continu ou contrat pro) sur les techniques de coiffure du cheveu frisé et crépu. Une première en France qui pourrait bien résoudre cette discrimination capillaire mainte et mainte fois dénoncée dans les salons. Après un appel aux écoles en début d’année, plusieurs se sont d’ores et déjà portées candidates pour délivrer ce nouveau diplôme enregistré au répertoire spécifique RS6020. Un soulagement immense pour l’entrepreneure Aude Livoreil-Djampou du Studio Ana’e, connue pour avoir alerté il y a 8 ans le ministère de l’Éducation Nationale et les organisations professionnelles (UNEC, CNEC) sur la situation. « Le travail de rédaction avait été interrompu et la crise Covid a beaucoup retardé l’avancement, affirme cette ex-docteure en chimie passée par L’Oréal. Nous dédions cette bonne nouvelle au coiffeur TAJ, maître coloriste multi texture, disparu en 2019 et qui avait tant espéré voir naître ce diplôme. » Président de l’UNEC, Christophe Doré a lui-même récemment admis que « c’était une nécessité du fait d’une demande réelle, grandissante et face à laquelle beaucoup de professionnels étaient démunis par manque de formation technique diplômante. » Pour l’heure, seuls les organismes de formation habilités par la CPNEFP (Commission formation de la branche coiffure) peuvent dispenser ce nouveau certificat. A ce jour, 5 centres de formation pilotes situés en Ile-de-France, dans l’Hérault, en région PACA, en Moselle et en Normandie, proposeront dès septembre prochain la certification, avant d’être rejoints par d’autres organismes de formation. Alors que 20% de la population française possède ce genre de cheveux selon le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN), seuls 200 salons spécialisés en France seraient capables de s’en occuper selon le média Slate, couvrant à peine 5% des besoins. De son côté, Olivier Serva, député de la première circonscription de la Guadeloupe, va soumettre au vote dans les prochains mois une proposition de loi visant à faire reconnaître les discriminations capillaires, les Etats-Unis ont déjà réagi avec le vote de la loi CROWN (Creating a Respectful and Open World for Natural Hair, soit Créer un monde respectueux et ouvert pour les cheveux naturel) dans plusieurs Etats. Pendant ce temps-là, des formations privées ont pris les devants, à commencer par Boucles d’Ebène Studio fondé dès 2011 par Aline Tacite, le Studio Ana’e bien sûr, ou encore Real Campus lancé il y a trois ans par L’Oréal.
Fl.D.
(© photos archives F.Dacheux)