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Juin / 13

« Il faut un sursaut démocratique et social »

By / Florian Dacheux /

Reportage à Avignon, dans un département (Vaucluse) où le Rassemblement National a obtenu près de 48% des voix aux dernières élections européennes.

« Il faut un sursaut démocratique et social »

Alors que les mouvements d’extrême droite prennent de plus en plus d’ampleur depuis plus de 20 ans, et ce dans la continuité de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des présidentielles 2002, le Rassemblement National (ex-Front National) est réellement aux portes du pouvoir. Après de nouvelles élections européennes où le parti de Jordan Bardella et Marine Le Pen a tout raflé sur son passage – arrivant en tête dans toutes les régions et quasiment tous les départements – que faire suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale ? Votez les 30 juin et 7 juillet, malgré l’effort que ça représente pour les premiers concernés par l’exclusion et les discriminations, lassés des promesses… Mais il semble que les gens de gauche, bien plus souvent abstentionnistes que la moyenne nationale, l’ont bien compris. Partout en France, un sursaut s’organise et les manifestations s’enchaînent, principalement dans les grandes agglomérations. A l’instar de ces images prises à Avignon, dans un département (Vaucluse) où le RN a obtenu près de 48% des voix. Pire, à Bédarrides, entre le Rassemblement national, Reconquête et les plus petits partis du même courant, on atteint presque 70% des voix… C’est dire. « En choisissant la dissolution, le Président espère se poser une nouvelle fois en recours face à l’extrême droite, alors qu’il n’a cessé de lui faire la courte échelle, notamment avec son ignoble loi asile et immigration. Cette manipulation des institutions pour son seul profit politique est inacceptable », rétorquent les représentants de la CGT. Au mégaphone, l’intersyndicale vauclusienne a martelé : « Il faut un sursaut démocratique et social. A défaut, l’extrême droite arrivera au pouvoir. Nous l’avons vue à l’œuvre dans l’histoire et aujourd’hui en Italie ou en Argentine par exemple : austérité pour les salaires et les services publics, réformes constitutionnelles remettant en cause l’indépendance de la justice et le rôle des syndicats, attaques contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, remise en cause du droit à l’IVG, politiques racistes qui mettent en opposition les travailleuses et travailleurs en fonction de leur religion, de leur couleur de peau ou de leur nationalité. Notre République et notre démocratie sont en danger. »

 

« Eteindre la flamme du RN »

Dans le cortège, la présence de la jeunesse, affutée de pancartes acerbes, faisait plaisir à voir. Parmi eux, Julien nous confiait cette juste analyse : « Quelle tristesse, ça sent pas bon, mais si tous les gens ici présents vont voter, ce sera déjà ça. » De leurs côtés, les militants du collectif antifasciste No Pasaran regrettent ce sursaut tardif : « trois ans que nous ne cessons d’alerter et aucune initiative n’a été prise ». Dans leur propos, ils font notamment référence à des faits locaux, tels que l’agression physique subie par André Mondange, maire PCF de Péage-de-Roussillon, dans les rues d’Avignon le 21 décembre 2023, par deux hommes proches de l’ultra droite qui avaient proféré des insultes racistes à l’encontre de sa fille, métisse. Ou encore à la dernière édition du Festival d’Avignon quand huit performeuses de Carte Noire Nommée Désir ont dû faire face à des agressions verbales et physiques, accompagnées de propos racistes, sur les planches et dans les rues. Sans parler des quatre circonscriptions sur cinq obtenues par le RN dans le Vaucluse lors des dernières législatives 2022. « Il faut être unis ensemble et éteindre la flamme du RN, concluent-ils de concert. Nous nous rassemblerons à nouveau le 15 juin pour la Marche des Fiertés. »

 

 

Florian Dacheux

Florian Dacheux