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Déc / 26

Citoyens/Policiers : Reconstruire des liens de proximité 

By / akim /

Citoyens/Policiers : Reconstruire des liens de proximité 

Réalité préoccupante ou cache-misère électoraliste, l’insécurité s’invite régulièrement dans l’actualité. Le sociologue Laurent Mucchielli analyse la situation. 

 

17 % des Français se sentiraient en insécurité. Alarmant ? 

 

En réalité, ce chiffre est faux. Ils sont plutôt 10 %. Donc, 90 % des Français se sentent en sécurité. Parmi les « insécures », beaucoup sont vulnérables, sans nécessairement être très exposés à la délinquance. Ce sont souvent des personnes âgées, seules, en situation de précarité économique (note en bas de page n°1).

 

Les Arabes et les Noirs constituent la majorité des prisonniers. Vérité ou raccourci ?

 

Raccourci, car il y a prison et prison. Les maisons d’arrêt sont remplies par la petite et moyenne délinquance (note en bas de page n°2), une délinquance de pauvres, sanctionnée par de courtes peines. Les étrangers ou issus des immigrations récentes, surreprésentés dans les couches défavorisées, y sont majoritaires. Dans un centre de détention qui accueille les longues peines dont les délits sexuels, la population est majoritairement « blanche ». Bien que moins pénalisée, la délinquance en col blanc ou politique produit les plus grands criminels. Le Médiator a tué plus de deux mille personnes en France, l’équivalent de deux années et demie d’homicides. Ceux-là vont rarement en prison, protégés par leurs armées d’avocats et leurs relations politiques.

 

Laxisme ou tout sécuritaire, la délinquance ne baisse pas…

 

Et quelles que soient les couleurs politiques. En dix ans de sarkozysme, une avalanche de lois pénales ont été votées pour donner toujours plus de pouvoir aux forces de police, poursuivre la moindre incivilité, permettre une condamnation toujours plus lourde des auteurs d’infractions. La conséquence ? Une augmentation de la population carcérale, sans baisse de la délinquance. Multiplier les courtes peines ne sert à rien, la récidive est fatale. La plupart des incarcérés sont des jeunes hommes, peu ou pas insérés économiquement, auteurs de délits peu ou moyennement graves. Ils sont entassés, puis ressortent sans que leur situation ait changé. Que faire ? La réforme Taubira essaie de poser la question. Mais, pour les politiciens et les médias, le choix se situe entre laxisme et fermeté, ce qui tue toute réflexion.

 

Marseille, capitale de l’insécurité ?

 

Vrai et faux. Certes, pour des raisons historiques, géographiques et socio-économiques, il existe à Marseille une criminalité organisée, de trafic de drogue notamment, plus développée qu’ailleurs. Le cannabis a remplacé l’héroïne des années 1970. Et, selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanies, plus de treize millions de personnes en consomment de manière occasionnelle ou régulière… Un marché considérable.

 

Quelle réponse au sentiment d’insécurité ?

 

Reconstruire des liens de proximité, d’interconnaissance et de solidarité, obliger les institutions à se rapprocher, au lieu de s’éloigner toujours plus de la vie des territoires, pour se concentrer dans les centres-ville. C’est vrai de la police, comme de la justice et du travail social.

 

Propos recueillis par Anasthasie Tudieshe
1. Les Français et l’insécurité : À quoi jouent l’ONRDP et les médias ?
www.laurent-mucchielli.org
2. Sources population carcérale : ministère de la Justice.

Image de couverture : El Diablo

akim