Les RDV de Zaïa – Mon trip tunisien à Paname

Jan / 11

Les RDV de Zaïa – Mon trip tunisien à Paname

By / Marc Cheb Sun /

Notre rédactrice a emmené en « voyage » cinq jeunes de nos ateliers D’ailleurs et d’ici : le bonheur à Paris, c’est qu’on voyage sans avion.

Un plat, une boutique, des personnes venues d’ailleurs, et le dépaysement est là.

Alors que je m’étais plongée dans l’univers de la Corée dans un reportage précédent, je me suis demandée si on pouvait explorer la Tunisie à Paris.

Immersion en groupe et ateliers dans une Tunisie loin des clichés et des aprioris.

Les RDV de Zaïa

Mon trip tunisien à Paname

Instagram fourmille de bonnes adresses et de posts alléchants. Mais quand je suis tombée sur la page de Lyoom, j’ai craqué et embarqué avec moi cinq jeunes qui suivent nos ateliers.

Manger chez Lyoom Cantine, c’est dur : choisir un plat, c’est accepter de ne pas en goûter un autre! Le menu arrive : dur… nous voyons passer sous nos yeux des fricassées tunisiennes, des mezzés en tous genres, une brick et Mohamed, le propriétaire des lieux, sert le thé à la menthe façon spectacle.

Dans la rue Jean Pierre Timbaud, Paris 11ème, ça se bouscule pour tester la street food tunisienne. La promesse est belle… Un décor soigneusement pensé et travaillé provoque en nous une émotion : une Joconde orientale tunisienne trône à côté de paniers tressés, des piments suspendus et une succession d’objets, souvenirs d’un été en Tunisie.

Aucun doute, c’est recherché. Mohamed, le propriétaire m’avoue avoir fait une école d’art graphique à Paris : « Je recherche toujours le beau autour de moi, l’important c’est de communiquer l’esprit tunisien. »

Ici, la restauration est une histoire de famille : « mon père était restaurateur à Paris, et aujourd’hui je travaille avec mes frères et sœurs. »

L’ambiance s’en ressent : c’est accueillant et chaleureux.

Mais je vous préviens : ne partez surtout pas sans goûter au mille-feuille tunisien ! Véritable ode à l’amitié franco-tunisienne.

En tous cas, moi, j’ai mis une épingle « incontournable » sur cette cantine, et j’aurai plaisir à revenir côtoyer une équipe au top.

Mes couverts, je les trouve dans un pot à Harissa, et je commande une citronnade maison le temps de faire mon choix.

Ce sera brochettes de poulet, avec en bonus du Toum (crème à l’ail) et du Azlouk (caviar d’aubergine).

Rapidement servie, je me régale et Mohamed me consacre quelques minutes pour m’éclairer sur l’histoire du restaurant.

« On est ouverts depuis un an et on a d’excellents retours. Si on a choisi ce concept, c’est parce qu’on se sent chez nous, légitimes. La Tunisie, c’est mon pays de cœur, d’origine. Grâce à mes parents, j’en garde une langue, une culture et de merveilleux souvenirs d’été. »

 

Nos vacances au bled : un roman graphique qui me ressemble !

Avec l’actualité du moment, quand je me suis décidée à parler de la Tunisie, je me suis attachée à ne pas me laisser influencer par ce qu’on peut connaître de ce pays.

Alors j’ai fouillé, j’ai scrollé, et je suis tombée sur Chadia Loueslati.

Auteure, scénariste et illustratrice, Chadia vient de publier deux romans graphiques, petits bouts de l’histoire de France car retraçant le parcours de sa famille arrivée de Tunisie dans les années 60.

Après avoir dévoré Nos vacances au bled, je devais la rencontrer pour échanger !

Rendez-vous est pris pour un café alors qu’elle est à Paris pour assister au Salon du livre pour la jeunesse de Montreuil.

Maman de deux jeunes filles, Chadia est une franco-tunisienne pétillante, et sans filtre ! Comme ça fait du bien d’échanger avec de jeunes auteurs pleins d’espoir et complètement conscients du monde dans lequel nous évoluons.

« J’ai écrit ces romans pour raconter ce que l’on vit : on se sent français et nos parents sont nés ailleurs. C’est tout. Cette double culture, c’est une richesse, mais parfois, comme nous sommes sans cesse ramenés à nos origines, on peut se demander où est notre place. »

Nos vacances au bled, c’est la suite du premier opus Famille Nombreuse, où on s’attachait déjà à cette famille nombreuse aux racines tunisiennes.

Tout a commencé en 1966 quand le père de Chadia se fait démarcher pour venir travailler en France. La famille accepte et finit par s’installer à Drancy où elle continuera de s’agrandir : Chadia a 10 frères et sœurs.

1988, toute la fratrie se prépare à partir en Tunisie, où le chantier de la maison familiale les attend. La famille Chaibi va retrouver les oncles, tantes et va devoir s’adapter à la vie au bled ! C’est là le sujet de ce deuxième tome.

Drôle et touchant à la fois, c’est un vent frais sur la BD qui souffle ici.

Réalisé en noir et orange, c’est punchy et drôle. On s’accroche vite à l’histoire et on vibre au rythme de leurs aventures.

Sous couvert d’humour, c’est bel et bien de la nostalgie qui transpire de ce livre :

« J’ai perdu mes parents il y a dix ans. C’est ma manière à moi de leur rendre hommage mais c’est aussi une psychothérapie. Ainsi, mes filles, mes neveux et nièces pourront, j’espère, mieux les connaître. »

Chadia est devenue auteure pour ne pas rompre la promesse faite à son papa qui, un jour, lui a tenu ces propos: « Si tu veux m’aider ma fille, tiens un stylo. » Elle a pris cela « au pied de la lettre » comme elle le dit si bien.

Tombée dans la littérature très tôt, elle adorait les bibliothèques : « je suis tombée dans les livres très petite : quel monde merveilleux. »

Loin de se planquer derrière sa tablette d’illustratrice, Chadia intervient également dans des écoles où elle prêche la bonne parole du « c’est aussi possible pour vous, si vous le voulez ».

Consciente d’être un modèle pour certains enfants, elle va partager son parcours et ses accomplissements avec des jeunes persuadés que certains mondes leur sont fermés. Coup de cœur total : pour les romans… et pour l’auteure !

Chadia Loueslati

Azal, la marque pour sortir des clichés

Les rencontres que j’ai faites pour cet article m’ont révélé une Tunisie rayonnante et créative… si loin des stéréotypes véhiculées par certains.

Yosr, alias Une Tunisienne à Paris sur Instagram, ne déroge pas à la règle.

Et quand cette jeune fille débarque pour me parler de la marque de maroquinerie qu’elle a créée, je vois débouler une parisienne hyper lookée et distinguée ! 

Nous ne pouvions nous retrouver qu’à Belleville, temple de la Tunisie à Paris, pour parler de cette marque, alliant tradition et modernité, et qu’elle veut éthique, authentique et solidaire.

Azal, c’est une aventure franco-tunisienne puisque Yosr travaille avec des artisans aux savoir-faire ancestraux en Tunisie: « J‘ai voulu proposer des produits de qualité, des matières nobles, pour changer les mentalités sur la Tunisie et faire briller ses facettes méconnues. »

Compris ! De toute façon, avec un nom pareil, il ne pouvait en être autrement.

« Azal, en berbère, c’est ce qui a de la valeur ; alors qu’en arabe, c’est ce qui est éternel ».

Après de brillantes études, en 2009, cette passionnée de voyages arrive en France et travaille dans le secteur du data-marketing. Elle se lasse vite de cette vie professionnelle loin d’être éthique. Elle plaque tout pour créer Azal.

« Même si j’étais bien payée, cela ne suffisait plus. Aujourd’hui, je suis heureuse d’avoir monté le projet Azal. »

En 2017, elle crée un blog pour partager ses bons plans et des conseils lifestyle.

« Je l’ai appelé Une Tunisienne à Paris, parce que c’est moi. Je suis un mélange de Tunis et de Paris. Cet ADN je le garderai toute ma vie. Azal, c’est aussi cela : un mélange. »

La pétillante Yosr est très élogieuse envers son pays d’origine et me parle d’une jeunesse « artistique, ambitieuse et déterminée »

Pour elle, tout passera par l’éducation, et elle décide de faire sa part : à chaque collection qu’elle crée, elle tient à associer un projet d’éducation.

D’ailleurs, la dernière collection de Azal, « Mémoires de Tunis », est une collection de portes-cartes solidaires pour que chacun puisse avoir un petit bout de Tunis dans sa poche, tout en faisant une bonne action ! Le but ? Pour chaque porte-carte vendu, un livre viendra garnir la bibliothèque d’une école.

Consommer autrement, c’est le seul chemin. Yosr contribue à faire changer les mentalités et nous prouve que tout plaquer pour créer un projet qui a du sens, c’est possible.

Info : Azal et ses produits uniques recherchent des distributeurs pour ses produits…

À bon entendeur !

 

La Tunisie m’a charmée. J’avoue ne pas y être encore allée mais je suis tombée sous le charme de ces Tunisiens : inspirés, travailleurs, ambitieux et dynamiques.

Bon, peut-être qu’un vrai vol s’impose du coup… pour aller me perdre dans les rues de Djerba, me laisser envoûter par la Médina de Tunis ou aller chercher de l’inspiration dans les sites antiques qui jonchent ce pays carrefour de civilisations.

 

Yallah !

 

Zaïa Khennouf

 

Photo 1 : Grillades et mezzés, Mars 2019, copyright Lyoom.cantine Instagram

Photo 2 : L’équipe de Lyoom Cantine, septembre 2019, copyright Lyoom.cantine 

Photo 3 : Chadia Loueslati, novembre 2019, copyright Astrid di Crollalanza

Photo 4:  Sacs de la collection de Azal, décembre 2019, copyright Azal

Nos vacances au Bled, 2019, Editions Marabout.

Lyoom Cantine, 48 rue Jean Pierre Timbaud, 75011 Paris

Site Internet de Lyoum Cantine :

www.lyoom-cantine.comBook de Chadia Loueslati : https://loueslati.ultra-book.com/

Page Intagram Une Tunisienne à Paris :

https://www.instagram.com/unetunisienneaparis/Site Internet de Azal : https://www.azal-shop.com/

Marc Cheb Sun