Nov / 09
Alors que près d’un élève sur 10 est victime de harcèlement, sous des formes et à des degrés divers, la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, organisée cette année ce jeudi 10 novembre 2022, est l’occasion d’insister sur l’importance de cette responsabilité collective. Zoom sur un outil innovant et efficace : le théâtre de prévention, avec l’association Andromède dans les Yvelines.
Harcèlement à l’école : le théâtre pour libérer la parole
A l’heure où les victimes de harcèlement restent encore trop souvent et trop longtemps dans le silence, pendant que les coupables se vantent au collège et sur Internet, l’association Andromède propose un outil innovant et efficace : le théâtre de prévention. Des créations engagées sur le harcèlement scolaire pour sensibiliser la jeunesse… Et ce, depuis 2007 ! « Notre action découle d’un constat simple : il est souvent difficile de tenir un discours de prévention, notamment auprès d’un jeune public, sans tomber dans le piège de la moralisation qui en annihile les effets, explique Ghislaine Bizot, la cofondatrice d’Andromède après son parcours comme formatrice à l’IUFM de Colmar. Il nous semble intéressant de faire passer des messages par l’intermédiaire du théâtre. Notre propos est d’engager la réflexion, mais non de la mener. Notre présence ne sert que de déclencheur à la réflexion. »
Après Le Jeu du Foulard et Hors-Jeux, deux créations écrites par Ghislaine Bizot, la directrice pédagogique Zem-Zem, notamment en charge de la classe avancée de l’école de théâtre, a mis en scène Parle, d’après les œuvres C’est Filles-là d’Evan Placey (Editions Théâtrales Jeunesse) et Le 20 novembre de Lars Noren (Editions L’Arche). De Verneuil-sur-Seine à Maurecourt en passant par Poissy, le groupe encadré par Zem-Zem tente de sensibiliser jeunes et adultes. A la suite de chaque spectacle, une rencontre débat avec le public prend place. Pour les établissements scolaires intéressés par une programmation, plusieurs séances d’échange ont lieu par la suite, à travers divers exercices de théâtre : jeux de rôles, mise en situation, procès fictifs… En parallèle, Zem-Zem vient de boucler la mise en scène de Parlons Harcèlement de Ghislaine Bizot.
Depuis l’enfance, Scarlett ne s’est jamais intégrée au groupe des filles de l’école Sainte-Hélène. Est-ce parce qu’elle n’est pas bien coiffée ? Parce qu’elle parle fort ? Parce qu’elle attire les garçons ? À partir d’une simple photo postée sur les réseaux sociaux, commence pour elle une longue descente aux enfers, racontée par une voix unique, celle du groupe des autres filles, qui la juge coupable – mais de quoi ?
© Florian Dacheux
Dans cette pièce chorale, les acteurs révèlent nos silences complices face aux harcèlements en tous genres, à un âge où l’on est tiraillé par le désir de plaire et le besoin de trouver sa place. © Florian Dacheux
Des violences physiques répétées, des moqueries orales pernicieuses… Puis, viennent Internet et ses dangers. Insultes, incitation au suicide, vidéos humiliantes, usurpation de compte, rumeurs sur les réseaux sociaux… L’éventail est large. Et quand ces agressions viennent à se répéter et visent une même personne, on ne parle plus de cyberviolence, mais bien de cyberharcèlement. Sans parler du sharking qui consiste à déshabiller une personne et à filmer la scène. Disons STOP ! © Florian Dacheux
Le 20 novembre 2006, dans la ville allemande d’Emsdetten, un jeune lycéen se prépare au pire… En se saisissant d’un fait divers, Lars Norén crée un théâtre immédiat, où l’effroi se mêle à la stupeur, devant la lucidité et la détermination de ce jeune homme humilié en permanence par un système éducatif et social dans lequel il n’a pas trouvé sa place.
© Florian Dacheux
Libérer la parole. Tel est l’objectif de l’association Andromède. © Florian Dacheux
« Et si l’autre c’était toi ? »
C’est ainsi que nous interpellent les collégiens lauréats du Prix Non au harcèlement 2022, invitant les harceleurs mais aussi les témoins à se mettre à la place de la victime pour ne plus laisser libre cours à ces comportements inacceptables et destructeurs.
Dans le cadre de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, Sarah El Haïry, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, chargée de la Jeunesse et du Service national universel, et Erwan Konaté, champion du monde junior de saut en longueur, se rendront ce jeudi 10 novembre, au collège Guillaume Budé dans le 19ème arrondissement de Paris. Sarah El Haïry se rendra également au collège André Citroën à Paris pour échanger avec des élèves de 6e et leurs professeurs sur leur usage du numérique et des réseaux sociaux, et ce aux côtés de Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications. Ces derniers lanceront le déploiement du passeport numérique Pix pour les élèves de 6e, sur l’ensemble du territoire, dès ce mois de novembre.
Aujourd’hui encore, près d’un jeune sur dix est victime de harcèlement. Depuis 2017, le Gouvernement a engagé un plan de lutte contre le harcèlement scolaire avec notamment des ambassadeurs « Non au harcèlement » dans les écoles, le programme pHARe de lutte contre le harcèlement entre élèves, et la création du 3020, numéro d’écoute et de prise en charge au service des familles et des victimes (en parallèle du 3018 pour les situations de cyberharcèlement).
Cette journée de mobilisation constitue l’un des temps forts du programme de lutte contre le harcèlement à l’école, pHARe, déployé cette année dans toutes les écoles élémentaires et tous les collèges. Ce programme vise trois objectifs principaux : doter toutes les écoles et collèges d’un plan de prévention structuré et efficient, sécuriser les équipes pédagogiques en garantissant la traçabilité et la prévisibilité de l’action publique, et permettre la création d’une communauté protectrice formée et pleinement engagée dans la lutte contre le harcèlement.