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Sep / 16

Mazan : le procès de la culture du viol

By / Florian Dacheux /

Des milliers de personnes se sont réunies dans plusieurs villes de France pour manifester leur soutien à Gisèle Pelicot, victime de viols sous soumission chimique. Suspendu dans l’attente du retour de Dominique Pelicot, qui souffre d’une infection, le procès des viols de Mazan devait reprendre ce lundi 16 septembre. Le principal accusé, âgé de 71 ans, n’est toujours pas apte à comparaître. Au total, 50 hommes, âgés de 26 à 74 ans, sont jugés au côté de Dominique Pelicot. Sans compter la vingtaine d’autres qui n’a pas pu être identifiée. Des inconnus que celui-ci avait recrutés sur internet pour venir violer son épouse, à leur domicile de Mazan, dans le Vaucluse, après l’avoir droguée aux anxiolytiques.

Mazan : le procès de la culture du viol

C’est au cri de « violeurs partout, justice nulle part » que des milliers de personnes se sont rassemblés à travers toute la France samedi 14 septembre, en soutien à Gisèle Pelicot. A commencer par Avignon où les collectifs Nous Toutes, Droits des Femmes Vaucluse, Le Chant des Déferlantes et Femmes Solidaires n’ont pas mâché leurs mots. « La honte doit changer de camp, ont-elles scandé au micro. Merci aux transphobes et racistes de ne pas venir car, pour nous, c’est le même combat. Ce n’est pas un procès hors norme. C’est le procès de la culture du viol, d’une société qui se tait, du rapport de notre société au consentement. » De Paris à Marseille en passant par Rennes, toutes et tous ont rappelé qu’il ne s’agissait pas d’« hommes marginaux mais de “bons pères de famille” ». Partout, les manifestants ont exprimé le souhait que ces sujets ne soient plus tabous, alors que dans une affaire parallèle, des accusations d’agressions sexuelles longtemps tues visent l’abbé Pierre depuis juillet. Dans une tribune publiée vendredi 13 septembre dans Libération, la Fondation des Femmes va même plus loin en appelant à la promulgation d’« une loi intégrale contre les violences sexuelles ». « L’affaire des viols de Mazan tient à un enquêteur ou une enquêtrice qui a décidé de prendre au sérieux une photo volée sous la jupe d’une femme, rappelle la Fondation, qui cite le chiffre de 94% des plaintes pour viol classées sans suite en 2021. Les monstres sont normaux. Dominique Pelicot n’est atteint d’aucun trouble. Les 72 hommes qui ont violé Gisèle non plus. »

Mobilisation en soutien à Gisèle Pelicot, Avignon, le 14 septembre 2024 © Florian Dacheux
Gisèle Pelicot : « Grâce à vous tous, j’ai la force de mener ce combat jusqu’au bout »

Suspendu depuis jeudi soir en raison de l’absence du principal accusé, Dominique Pelicot, le procès n’a toujours pas repris. Selon son avocate, Béatrice Zavarro, il aurait « un caillot dans la vessie » et « une infection du rein ». Après une nouvelle suspension d’audience jusqu’à ce mardi 9 heures, le président de la cour criminelle a nommé un collège d’experts pour évaluer l’état de santé de Dominique Pelicot et sa compatibilité avec sa présence lors de son procès. « Les mots nous manquent pour exprimer à quel point la situation dans laquelle nous trouvons est anormale, a déploré Me Babonneau, l’un des avocats de Gisèle Pelicot. C’est insupportable pour la partie civile. Si cette impossibilité de comparaître résultait d’un retard de prise en charge, nous serions dans une situation que nous n’hésiterions pas à qualifier de scandale. »

 

Gisèle Pelicot devant la presse le 16 septembre à Avignon © F.Dacheux

 

Bien présente au tribunal ce matin, Gisèle Pelicot a livré quelques mots devant de très nombreuses caméras du monde entier afin de remercier tous les soutiens reçus ces derniers jours. « Merci à celles et ceux qui ont pris le temps de se réunir samedi dernier à travers toute la France, a-t-elle confié. J’ai été profondément touchée par cet élan qui m’a donné une responsabilité. Grâce à vous tous, j’ai la force de mener ce combat jusqu’au bout. Ce combat que je dédie à toutes les personnes, femmes et hommes, qui, à travers le monde, sont victimes de violences sexuelles. A tous, je veux leur dire aujourd’hui : regardez autour de vous, vous n’êtes pas seules. » Peu avant sa prise de parole, Gisèle Pelicot a été interpellée avec bienveillance par deux militantes de Femmes Solidaires venues lui remettre un courrier en main propre. « Même si le procès est reporté, nous sommes là pour soutenir Gisèle dans sa démarche, témoignent Dany et Danielle. Elle incarne le combat des femmes. Quand on entend dire de la part d’un avocat de la défense qu’il y a viol et viol, ça ne passe pas. C’est horrible de dire ça. » Pendant ce temps-là, c’est toujours le flou artistique au sommet de l’Etat. La gauche, elle, continue de se déchirer en direct de la Fête de l’Huma. Le mal semble bien plus profond. Ras le viol !

 

Florian Dacheux

Florian Dacheux