Août / 09
ROM, ROUMAINE ET FRANÇAISE
"CE QU'ON REJETTE C'EST DE L'IMAGINAIRE AUTOUR DES ROMS: DES GENS QUI VIVENT DANS DES BIDONVILLES"
Enthousiastes, Anina et les siens quittent la Roumanie en 1997 et se retrouvent embarqués dans un réseau de passeurs. Le désenchantement commence. Rome, ils atterissent au Casalino 900, l’un des plus grands camps d’Europe. « Horrible. » Quelques mois plus tard, ils parviennent à quitter les lieux et arrivent en France, complètement démunis. L’unique option : la mendicité. « Nous n’avions pas les moyens d’avoir un logement, d’aller à l’école, de travailler. » Un an plus tard, la famille apprend qu’elle doit quitter le territoire. Une rencontre va pourtant tout changer. Place du marché de Bourg-en-Bresse, une institutrice s’émeut de voir Anina et sa mère mendier. Elle leur apprend le français, encourage les enfants à retourner à l’école. « Elle nous a rendu notre dignité. » Les parents finissent par trouver du travail. Premier logement. Enfin, un titre de séjour. À l’école, Anina se dépasse. L’enfant rêve d’être juge. Elle obtient une licence en droit : « Ma famille a été victime de l’injustice. Je veux appliquer l’égalité et la légalité pour tous. » Et le regard des autres change.
« Ce qu’on rejette, c’est l’imaginaire autour des Roms : des gens qui vivent dans des bidonvilles. » Avec Frédéric Weil, journaliste, coauteur, elle témoigne dans son livre.
« Je ne me suis pas imaginée en écrivain. Je suis timide. Je n’avais jamais parlé de mon parcours. Ce livre est là pour donner envie de se battre à celles et ceux qui ont vécu la même chose que moi. Je suis rom, roumaine et française. »
1. Je suis Tsigane et je le reste, Anina Ciuciu, Éditions City.
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Texte : Ludovic CLÉRIMA
Grande image : Théo Birambeau