Roms: quelle présence au Musée du Louvre?

Sarah Carmona, historienne, spécialiste de l’histoire militaire du peuple romani à l’époque moderne, travaille sur la décolonisation des savoirs. « Le 8 avril 2015, pour la Journée internationale des Roms, nous avons organisé une visite pilote intitulée Les Roms au Louvre, une altérité désincarnée, en collaboration avec le Conseil de l’Europe. La figure romani au Musée du Louvre est composée de seize œuvres, appartenant au fonds et à la collection permanente : des représentations de personnages aujourd’hui connus comme Roms, Manouches, Kalé, voyageurs ou sédentaires. Ce répertoire donne à voir l’évolution de l’image du Rom dans la peinture, entre présence et absence, toujours en répondant aux impératifs des sociétés majoritaires. Il ne faut pas perdre de vue que les collections nationales sont des constructions politiques. Elles sont la mise en images des univers mentaux nationaux. Fils du vent, voleurs de poules, espions, empoisonneurs, diseuses de bonne aventure, musiciens, mangeurs d’enfant… Au-delà des fantasmes, de l’attraction et de la répulsion, c’est bien d’un peuple fort de plus de douze millions de personnes en Europe dont il s’agit. Un peuple riche de sa pluralité culturelle, transnational, présent sur le territoire européen depuis plus de six siècles. » Alors comment résoudre, aujourd’hui, ce déficit d’images différentes, opposées aux clichés et préjugés de notre société ? « En donnant la parole aux intéressés dans tous les milieux : société civile, universités, médias, art… La décolonisation des savoirs et des regards est une nécessité. Nous devons impulser une dynamique, mettre en puissance ces altérités. » O.D.