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Les RDV de Zaïa rencontrent...
LA DÉFERLANTE CORÉENNE EN FRANCE
Souvenir de 2019: lorsque la Coupe du monde féminine de football a débarqué en France, hop ! Direction le Parc des Princes pour aller supporter les Bleues et assister à la cérémonie, puis au match d’ouverture qui va nous opposer à la Corée du Sud. Sauf que cette fois-ci, on m’a invitée à porter les couleurs de l’adversaire et à partir en immersion dans la tribune coréenne. Vêtue du maillot rouge et armée de mon écharpe, je scande des chants de supporters et soutiens une équipe qui perdra finalement le match 4-0. Autour de moi, les Coréens, comme les Français, sont venus en famille et l’ambiance est très détendue. Plus tôt, les supporters s’étaient donnés rendez-vous au Trocadéro pour rejoindre le stade à pied, en cortège. Ambiance festive garantie! Résultat : je me décide à me pencher sur la présence de la Corée en France. Quelle forme prend-elle ? Quels aspects sont connus et lesquels reste-t-il à découvrir ?
j’attendais mon bus, quand soudain 🇰🇷🎉🎉 les supporters de la Corée du Sud vont à pied au Parc (depuis Trocadéro) #FRACOR #FIFAWWC #allezlesBleues pic.twitter.com/Rc5kbrGFzi
— Emilie Pilet (@emilie_pilet) 7 juin 2019
La K-food (Korean food), ma porte d’entrée
Quand je veux voyager sans prendre un long courrier, j’opte pour un bon resto. Ouais, je suis comme ça, quand j’entre dans une culture, ça se fait souvent par la cuisine ! Le souci c’est qu’avec certaines cultures, je ne m’arrête pas là, je fais en sorte de me faire inviter dans les autres pièces.
Pour la Corée, ça s’est passé comme ça. Sur nos applis de commande comme UberEats ou Deliveroo, on remarque la présence obligée d’une offre différente, décalée. Et oui, nous, urbains frustrés d’aujourd’hui, ne pouvons nous contenter d’une offre classique… En tous cas Français et Coréens se retrouvent sur un point : la nourriture, c’est crucial ! Les menus de nos amis, considérés par l’Organisation Mondiale de la Santé comme «un exemple de cuisine bien équilibrée», sont conçus en harmonie avec les saisons.
Barbecue coréen au Restaurant Tomukun, USA, 2019
Leur gouvernement a bien compris que la K-food participait au rayonnement du pays, et il a mis les bouchées doubles pour draguer les foodies en France et dans le monde. «Et ce, dès 2007 !», indique Luna Kyong, blogueuse cuisine. Voici un clip de promotion vantant les qualités de la K-food, destiné aux USA. Commandé par le ministère de l’Agriculture, les Wonder Girls, groupe célèbre de K-Pop (nous en parlerons ultérieurement) se veulent les ambassadrices du «bien manger».
Clip vantant la K-food, ©Youtube, 2011
Besides Kimchi : un concept store coréen à Paris
Si la Corée a su charmer nos palets, d’autres trésors ont voyagé et sont maintenant disponibles en France. Connue pour son originalité et son audace, la mode coréenne a maintenant son adresse à Paris. Besides Kimchi, c’est un concept store coréen de 130m2 tenu par deux gérants aussi sympathiques qu’accueillants et charmants : Charlie Marquiset et Bo Kyung Park.
Aperçu de la boutique Besides Kimchi, ©Page Instagram @besideskimchi, 2019
À deux pas des Halles, au 7 rue Saint Martin dans le 4e arrondissement de Paris, vous trouverez, sur deux étages, des produits venant du pays du matin calme. D’abord, des vêtements. Au rez-de-chaussée, découvrez des pièces chics et habillées puis direction le sous-sol pour un style plus streetwear. Chaque article, chaque créateur exposé ici est soigneusement choisi par Charlie et Bo Kyung, qui ont tenté cette belle aventure entrepreneuriale après une expérience dans l’audiovisuel pour monsieur et dans la maroquinerie pour madame.
Portrait des deux gérants de Besides Kimchi, Charlie et Bo Kyung ©Madame Figaro, 2018
Avec le recul, Charlie et Bo Kyung réalisent que l’intérêt pour la Corée est multiple. Selon Charlie, «pour la France, c’est le cinéma qui a fait connaître le pays au début des années 2000 (oups, ne ratez pas notre Top 5 du cinéma coréen, c’est par ici). C’est une partie importante de la hallyu, littéralement : «vague coréenne» : le terme désigne le phénomène de propagation de la culture coréenne à l’étranger. Mais plus récemment, c’est la K-pop qui a séduit une nouvelle génération». Tant mieux pour eux ! La boutique arrive à point nommé pour satisfaire les fans de Corée.
«Je voulais vraiment faire connaître cette mode en France. Et aujourd’hui, nous n’avons pas de clientèle-type ! On peut avoir des fans de K-pop à la recherche de pièces portées par les stars, des femmes qui cherchent un produit beauté particulier ou des touristes de passage» me confie Bo Kyung.
«Quand on achète un produit chez nous, tu peux être sûr de ne pas le retrouver sur d’autres ! Ce sont des pièces qui peuvent paraître minimalistes, mais il y a toujours un petit détail original.»
Hyper tendance et résolument décalée, c’est la boutique pour trouver des accessoires, des idées-cadeaux, de la papeterie, de la déco et même un espace dédié à la K-beauty avec conseillère expérimentée.
La K-beauty : quand la beauté coréenne devient routine en France
En Corée du Sud, on considère que la beauté passe d’abord par une peau en excellente santé. Il ne se passe pas une journée sans qu’on applique un masque, un sérum ou une crème.
Produits de la K-beauty, ©madamemaroc, 2019
Si les produits de la K-beauty ont souvent un packaging fun, ils sont avant tout des produits de qualité (naturels à base de bave d’escargot, de citronnelle ou de riz), abordables et efficaces : voilà ce qui fait leur réputation. D’ailleurs, des enseignes comme Sephora et Monoprix se sont déjà emparées du phénomène.
La recherche de la perfection, le culte de la beauté : tout cela est décuplé par l’effet des réseaux sociaux qui vendent une perfection inatteignable.
La K-beauty répond clairement à ces attentes et a fini par convaincre nombre de Françaises, désormais rôdées à une véritable routine beauté, convaincues d’utiliser des produits avant-gardistes et en avance sur le reste du marché des cosmétiques.
La K-pop : quand le groupe BTS remplit deux Stades de France
Le beau, c’est aussi un des ingrédients du succès des groupes de K-pop. K-pop, pour Korean pop Music. Né dans les années 90, ce genre musical a été qualifié d’ «exportation la plus rentable de la Corée du Sud» par le Time Magazine.
Les membres du groupe BTS, ©France Info, 2018
Boudée par nos médias, la K-pop n’en est pas moins présente. Sans passer à la radio ou la télé françaises, cette musique s’est fait sa place. Le groupe phare de ce genre, BTS, a rempli le Stade de France les 7 et 8 juin derniers. Avec 70 000 billets écoulés en deux heures pour le premier concert, une date supplémentaire a été programmée dans la foulée le lendemain. Ces jeunes chanteurs disposent d’une base de fans conquis. Lors de la sortie de leur dernier titre IDOL, ils ont fait exploser le record du nombre de vues en 24 heures pour une vidéo Youtube : 80 millions en trois jours.
La recette ? Des boys ou girls bands au look étudié et aux chorégraphies millimétrées avec un message fort : l’acceptation de soi, le tout accompagné d’un marketing féroce. Certains le considèrent comme un épiphénomène ? Il n’en est rien. Il s’agit du résultat d’un travail d’exportation culturelle initié par les autorités coréennes il y a plus de 20 ans.
«BTS permet aux Asiatiques d’être enfin représentés dans les médias et ouvre le monde à la Corée. Longtemps, le Japon est resté une culture de niche, mais aujourd’hui, c’est complètement mainstream, notamment à Paris, où c’est devenu très bobo. La Corée évolue plus vite, mais possède une image moins premium, moins luxueuse», note Claire Solery, experte en pop culture coréenne.
L’offre du Centre culturel coréen à Paris
Voilà autant de portes d’entrée dans un monde à la fois pop, nature, traditionnel et décalé. Pour satisfaire les envies de ceux qui se sont laissés prendre au jeu, la programmation du Centre Culturel coréen est incontournable. Ouvert depuis 1979, le centre est sous la tutelle du ministère de la Culture et du Ministère des Affaires Etrangères de la Corée du Sud.
Dans leurs locaux, je rencontre Min, qui est leur chargée de communication et me présente leurs activités : une offre culturelle (expos, concerts, conférences,…), des cours de langue (très plébiscités : plus de 400 étudiants par an pour le moment), des ateliers (cuisine, poterie, calligraphie, danse, chant,…).
«La culture Pop n’a pas été oubliée et vous pourrez vous initier aux danses de la K-pop ou assister à un stage de K-beauty. Tout est gratuit !»
La K-pop Academy, @Centre culturel coréen, 2018 Les membres du groupe BTS, ©France Info, 2018
D’ici la fin de l’année, le Centre déménagera dans de nouveaux locaux près de Miromesnil à Paris, et pourra étendre sa programmation. «Il y aura davantage de salles de cours, une salle polyvalente, une salle de concerts pour la musique ou des projections, une véritable cuisine. L’équipe de l’Office National du tourisme national coréen se joindra aussi à nous. Et l’agence KOCCA (qui finance la création de contenus artistiques en Europe) va déménager avec nous car ils quittent Londres.»
Mes rencontres et l’effet que cette culture a eu sur moi m’ont fait comprendre l’engouement grandissant pour cette tendance multiple, dynamique et bien ancrée dans son histoire.
Et oui : je suis d’ailleurs et d’ici, mais je peux aussi choisir un autre ailleurs pour nourrir mes réflexions, ma personnalité ou mes heures de loisir.
C’est ce qu’ont choisi de faire bon nombre de Français, les évènements dédies à la Corée fleurissent partout en France.
Notons que les évènements et festivals autour de la Corée se déroulent partout, sans oublier la province : un festival à Montpellier ou à Nantes, une expo à Metz ou du cinéma à Vesoul ? Demandez le programme.
En voici un aperçu… Allez, à bientôt, du côté de Séoul.
Zaïa Khennouf
Site internet de la boutique : http://www.besideskimchi.com/
Site internet du Centre Culturel Coréen : https://www.coree-culture.org/