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Nov / 10

Les femmes invisibilisées dans la lumière !

By / Harmony Devillard /

Les femmes invisibilisées dans la lumière !

Le 27 septembre 2023, une première rencontre organisée par Carole Da Silva s’est tenue à l’hôtel particulier de l’ambassade des États-Unis à Paris pour œuvrer contre l’invisibilité des femmes issues des diversités culturelles dans les hauts postes du monde du travail. Pas un cahier de doléances, seulement un questionnement efficace : Comment faciliter l’accès des femmes racisées, particulièrement des femmes noires, aux lieux de pouvoir ?

Le problème n’est pas que franco-français. Cette rencontre a déjà eu un précédent au Canada et l’invitation de femmes afro-américaines à cette édition française ouvre le débat au-delà de la France et de la francophonie. Le problème de l’invisibilisation des femmes racisées dans les espaces de pouvoir est étendu, profond et systémique. Mais face à ce constat accablant, Carole Da Silva s’est retroussé les manches et a rassemblé son réseau.

Fondatrice de Femmes et Pouvoir, première chaîne de média francophone mettant en avant les populations issues de la diversité et plateforme de mentorat, Carole Da Silva est une femme d’envergure, ambitieuse et mobilisatrice. Quant à son initiative, elle explique qu’elle lui est venue naturellement, de par sa culture d’origine : « Nous, au Bénin, nous sommes des Amazones. Nous sommes des femmes de pouvoir ! » Le contraste avec l’expérience en France, où les femmes noires sont supposées faire profil bas, occuper les postes les plus humbles et ne pas avoir voix au chapitre, a été un choc.

Si les femmes en règle générale détonent toujours dans les lieux où se prennent les décisions importantes des grandes entreprises et des institutions, la rareté des femmes noires dans ces espaces et dans ces rôles va au point de surprendre la clientèle, le public ou même les partenaires quand elles s’avèrent être l’avocate plutôt que la secrétaire, la PDG plutôt que l’hôtesse d’accueil pour laquelle elles sont régulièrement prises. Et comment pourrait-il en être autrement, quand malgré leurs progrès, leur ascension est freinée en raison d’un mélange de préjugés sexistes, de racisme tenace et d’incapacité de la part de la plupart des détenteurs du pouvoir d’envisager en elles leurs héritières, par prolongement narcissique ?

L’ambition punie, les initiatives boudées, l’indifférence comme plafond de verre à crever… Tout ce qui pourrait chez elle constituer un apport précieux à la créativité de l’entreprise et du pays est quotidiennement dénigré et mis de côté. C’est bien ce que confirment les femmes des panels qui se succèdent. Parce que contrairement à certains débats télévisés où des hommes devisent seuls d’expériences féminines qu’ils ne vivront jamais, ce sont ici des femmes noires, les principales concernées, qui massivement prennent la parole. Sans interruption, elles partagent leur vécu, leur réalité et les leviers qu’elles ont trouvés pour contourner ou vaincre les obstacles auxquels elles ont fait face en tant que femmes racisées. Car ceux-ci continuent de discriminer les plus jeunes dès leurs premières expériences professionnelles.

«Il faut être sur la piste de danse pour apprendre à danser, inviter d’autres à danser et changer les pas de la danse !»

Patricia Djomseu, PDG de Quality Industrial Product (QIP) et présidente des Grandes Voix d’Opéra d’Afrique, Kourtoum Sackho-Niare, adjointe au maire d’Aubervilliers, Jackie Celestin-André, ex-directrice marketing de L’Oréal aujourd’hui entrepreneure, Carole Diane Kponou, dans les ressources humaines… Elles sont là à plusieurs titres. En qualité de témoins, bien sûr. Mais surtout pour se rendre visibles auprès des femmes concernées, pour leur montrer un précédent et leur donner l’espoir d’une réussite. Aussi, pour être identifiée comme personnes ressources pour aider de leurs conseils et de leur appui les carrières en devenir des générations suivantes de femmes racisées. « Il faut être sur la piste de danse pour apprendre à danser, inviter d’autres à danser et changer les pas de la danse ! » souligne Carole Da Silva.

La piste de danse sur laquelle ses cavalières invitent leurs auditrices à danser est vaste. Aminata Konaté-Boune, CPE en lycée, fondatrice de l’atelier d’éloquence Objection, Léa N’Guessan, avocate au Barreau de Paris, Felicia A. Johnson, maîtresse de conférence à Sciences Po, Olga Johnson, conseillère spéciale et stratégies au ministère chargé des collectivités territoriales et de la ruralité, Sarah Gogel, présidente de l’association Yes, Akademia (YAKA), Julienne Morisseau, vice-présidente de Talents d’Outremer et responsable de l’antenne Guyane française… La diversité des secteurs professionnels représentés recouvre des moyens d’action depuis les bancs de l’école jusqu’au siège de la présidence, en passant par le privé, le public, les grandes écoles, la politique, la justice, l’associatif, etc.

L’énergie de toutes réunies déplacera des montagnes. Rendez-vous au mois de mars 2024 pour une présentation officielle aux entreprises et institutions des solutions qu’elles appellent de leurs vœux afin de favoriser une bonne fois pour toutes l’inclusion et l’éclosion des talents des femmes issues des minorités culturelles en leur sein.

Harmony Devillard

Une rencontre animée par Claire Adjaï. Conseiller culturel de l’ambassade des États-Unis : Michael Turner

Grands témoins : Mariane Pearl, journaliste, autrice, conceptrice d’outils pour faciliter l’‘empowerment des femmes à travers le monde (États-Unis).

George Pau-Langevin, ancienne ministre, adjointe de la Défenseure des droits en charge de la lutte contre les discriminations et de la promotion de l’égalité (France).

Harmony Devillard