Littérature jeunesse : Mabrouck Rachedi flambe les clichés

Avec son dernier opus, Banale flambée dans ma cité, l’écrivain poursuit une oeuvre où des titres Jeunesse se mêlent à de la littérature généraliste. Plus encore que les précédents, Banale flambée dans ma cité séduit des publics de tous âges. D’ailleurs, l’auteur de ces quelques lignes, pour qui l’adolescence est un lointain souvenir, a pris un réel plaisir à dévorer ce nouveau roman !

La bande et moi, nous sommes les enfants de la même rage. Celle de notre passé, celle de notre quartier, celle de l’Histoire. Nous sommes triplement vénères et plus que ça.

Ainsi démarre l’histoire. Une histoire pleine de rebondissements qui ne se contente pas de mettre en scène les thèmes récurrents aux histoires « de quartiers » – violences policières, deal, rixes – mais bien d’inventer sur un ton inhérent à la plume de l’auteur et à l’originalité des caractères. Des personnages attachants, surprenants, tous singuliers. Hors clichés, et ça fait du bien ! Le miroir tendu par M.Rachedi n’est pas un miroir déformant: on est loin, très loin, de la cité exposée en fête foraine ou en musée des horreurs, sans pour cela ignorer les réalités sociales et urbaines vécues par les populations des quartiers. Mabrouck Rachedi en fait des héros en qui chacun-e pourra se projeter, qu’il partage une partie de ces réalités ou pas. Pour autant, Banale flambée dans ma cité n’a rien d’un document sociologique. Le ton est vif, l’histoire haletante.

Et puis il y a cette patte propre aux romans de l’auteur… Comme nul autre, Mabrouck Rachedi insuffle de la tendresse. Pas de la naïveté, de la légèreté, non. De la tendresse, et c’est très rare. Cela en fait un livre différent, touchant autant que passionnant, et quel que soit l’âge du lecteur. Une respiration littéraire.

Marc Chebsun

Photo : Thomas Haley

Banale flambée dans ma cité, Actes sud Jeunesse.