Avr / 06
Premier film
Grand Paris : courez-y !
Leslie et Renard, deux sympathiques glandeurs de Seine-et-Marne, vont vivre contre toute attente une journée épatante. Tout commence à Pantin un matin avec Leslie (Mahamadou Sangaré), nez dans son bol, regard dans le vague.
Dans son dos, par la fenêtre de la cuisine, une forêt d’immeubles plein cadre. Un plan rapide, plutôt doux -la lumière est printanière, interrompu illico par un appel : il doit aller chercher une commande. Sur la route du RER il tombe, à l’arrêt de bus, sur son pote Renard (Martin Jauvat soi-même en rose fluo) qui n’a pas trop de projets dans la vie lui non plus on dirait. L’affaire est entendue: « Toi tu es blanc, tu porteras le sac, et moi je te file 20 euros » dit Leslie.
Mais rien ne se passe comme prévu, ce qui tombe bien car nos deux pieds nickelés un peu barrés n’avaient de toute façon personnellement rien prévu. À Saint-Rémy-lès-Chevreuses, jambes pendantes sur fond de d’herbes folles, il attendent la livraison… qui n’arrivera jamais. Commence alors un road-trip aussi trépidant qu’hilarant en RER, Noctilien et à bord de la voiture de livraison « Chicken 3000 » d’un pote (William Lebghil), enchanté de cette diversion. Entre longues pauses fumette et tentatives de séduction ratées, nos deux héros, voués a priori à la platitude de la vie, vont faire soudain une sacrée découverte sur le chantier du Grand Paris Express une pierre ronde et plate, de la taille d’une médaille, « couverte de hiéroglyphes ou genre » décrète Renard qui les voit déjà crouler sous la fortune. Suite à quoi, et de fil en aiguille, un allumé polarisé sur la tour de Romainville les convaincra d’aller… méditer à Cergy, ben voyons!
Non content d’être une comédie tendre et loufoque aux plans impeccables, Grand Paris nous promène dans la banlieue telle qu’on ne la nous montre jamais: ni tout à fait belle, ni spécialement moche et, à tout coup, idéale pour tourner un remake d’Indiana Jones.
Martin Jauvat, 27 ans, habite Chelles et promet avec ce premier long métrage.
Courez-y !
Catherine Argand
Attention, le film ne passe que dans quelques salles.