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Juin / 18

France plurielle et fière de l’être : où es-tu ?

By / Florian Dacheux /

Entre rassemblements contre l’extrême droite et marches des fiertés, on se prend à rêver d’un renouveau. L’été s’annonce pourtant brûlant, à quelques semaines du début des Jeux Olympiques et Paralympiques en France. Chez D’Ailleurs & D’Ici, nous faisons le choix d’appeler au vote en faveur du Nouveau Front Populaire. L’urgence ? Faire renaître du nous.

France plurielle et fière de l’être : où es-tu ?

Voici la nouvelle tendance : mettre sur le même plan le RN et l’union de la gauche, de façon à brouiller les maigres repères… Alors qu’une soixantaine de personnalités du monde du sport français (Marie-José Pérec, François Gabart, Vikash Dhorasoo, Serge Betsen, Yannick Noah…), bien représentatifs de notre pluralité, ont appelé dans une tribune à voter contre l’extrême droite, Kylian Mbappé a quant à lui appelé les jeunes à aller voter tout en affirmant que « les extrêmes sont aux portes du pouvoir », lors d’une conférence de presse précédant le match des Bleus face à l’Autriche pour l’Euro 2024. Et lorsqu’un journaliste rebondit pour lui demander s’il ne vise pas davantage un extrême qu’un autre, il assume sans hésitation : « Non, car ce sont des idées qui divisent ! ». En disant cela, il place le RN et le Front populaire sur un pied d’égalité, et appelle à voter, sans le nommer et peut-être sans le vouloir, pour le parti de la majorité présidentielle, pourtant très fragilisé par les derniers résultats aux Européennes, pendant que LR se déchire depuis qu’un certain Eric Ciotti, leur patron, a rejoint Jordan. Une position qui ne fait que confirmer les liens de l’ex-gloire du PSG avec Emmanuel Macron qui lui-même s’était entretenu quelques heures plus tôt avec Philippe Diallo, président de la FFF, fédération qui a insisté dans un communiqué officiel sur sa neutralité politique. Un droit de retrait qui est loin d’être sans conséquence selon le journaliste Nicolas Kssis-Martov qui observe dans So Foot : « L’actuelle aphasie du monde sportif, et de la FFF, illustre d’une certaine façon la normalisation du RN et la résignation devant l’éventuelle accession au pouvoir de l’extrême droite. » Chez ces footeux à l’impact considérable, seul Marcus Thuram a osé sortir des clous, en prenant clairement position contre l’extrême droite : « La situation est triste, très grave… Des messages sont véhiculés tous les jours pour aider ce parti à passer, mais comme l’a dit Ousmane [Dembélé], il faut aller voter. Il faut se battre au quotidien pour que ça ne se reproduise pas et que le RN ne passe pas. »

Kiddy Smile : « Aucune manœuvre d’assimilation raciste ne vous fera accéder à la blanchité et ses privilèges »

Chez D’ailleurs & D’Ici, nous faisons le choix d’appeler au vote en faveur du Nouveau Front Populaire. Mais force est de constater que, des classes moyennes aux élites, le Front Populaire est vu pour beaucoup comme une voie aussi dangereuse que le RN. Lundi matin, sur France Inter, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin, qui a connu la cohabitation avec Jacques Chirac (1997-2002), a estimé « fausse » l’idée d’une « soumission » de la gauche à la France insoumise (parti de Jean-Luc Mélenchon). Bien que les manifestations se multiplient partout en France pour soutenir l’union des partis de gauche, le discours qui consiste à dire, que soutenir le RN ne signifie pas être raciste mais un moyen d’augmenter son pouvoir d’achat tout en fermant les frontières, commence à prendre de l’ampleur. On peut l’entendre dans la rue, dans un centre social. Ou simplement le lire dans les commentaires d’un post sur trois. Qu’ont-ils donc retenu de notre histoire commune ? Leur a-t-on transmise ? Connaissent-ils réellement les conséquences de leur vote ? Comment peuvent-ils faire confiance à un parti qui a toujours adopté des positions et des politiques qui aggravent les dimensions raciales ?

En ce Mois des Fiertés, où l’on voient des prides se mêlées aux rassemblements antifascistes, Kiddy Smile, figure de proue du voguing en France, est montée au créneau via son compte Instagram. « Diviser pour mieux régner est une stratégie vieille comme le monde, alerte l’icône LGBT, très marqué par le vote RN dans les DOM-TOM et les quartiers populaires. Aucune manœuvre d’assimilation raciste ne vous fera accéder à la blanchité et ses privilèges. Il n’est pas trop tard pour revenir à la raison, nous comprenons et vous serez toujours des nôtres. » En s’adressant ainsi à ses frères et soeurs, il analyse que sa communauté en vient à adopter les narratifs et les préjugés racistes de la société dominante : un racisme internalisé. « En soutenant un parti qui minimise et nie l’existence du racisme systémique, les électeurs noirs invisibles leurs propres expériences de racisme et celles de leur communauté, conduisant à une forme de déni et de minimisation de la réalité des discriminations. Cela se manifeste par un complexe d’infériorité. » L’artiste vise également la manière dont les droits LGBTQIA+ peuvent être instrumentalisés à des fins nationalistes ou xénophobes : l’homonationalisme.

Mais de tout cela, la majorité silencieuse semble s’en accommoder, comme si l’intensification des colères populaires (ndlr : gilets jaunes, réforme des retraites, grève des agriculteurs, …), sous la présidence Macron, avait pris le dessus. Dans la 7e circonscription des Yvelines, même la Guadeloupéenne Babette de Rozières assure « être bien dans ses baskets » en soutenant l’alliance scellée par Éric Ciotti avec Jordan Bardella et Marine Le Pen. « J’ai en ligne de mire les Outre-mer », affirme-t-elle. Pendant ce temps-là, on se demande à quoi sert l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) pendant qu’Hanouna, Praud and co continuent leurs propagandes sur les chaînes du groupe Bolloré. Dans les rues de Lyon, des groupuscules néo nazis sont de plus en plus nombreux à s’afficher. A Angers, des militants d’extrême droite, armés de gazeuses et de ceintures, sont venus semer la panique samedi soir lors d’un concert de rap qui a tourné au pugilat. Triste France.

Nous Toutes : « Le Front populaire est la seule perspective réaliste à l’heure actuelle pour vivre dans une société plus juste et moins violente »

Reste qu’il ne suffit plus d’alerter sur la xénophobie d’un parti. Il y a autre chose dans l’air. Ce fameux déni français, à l’image de notre école, cette machine à trier et à exclure, ou encore cette islamophobie grandissante. Et si au fond la France assumait en vérité son vrai visage. Une France fracturée, dirigée par des politiques complètement hors sol, loin des réalités du quotidien. Une France qui se recroqueville sur elle-même à mesure que sa culture se métisse. Il suffirait simplement d’assumer pleinement notre histoire en face. Il suffisait de regarder les coéquipiers de Kylian entrés hier soir sur la pelouse de la Merkur Spiel-Arena de Düsseldorf. Des doubles cultures à chaque ligne.

Que faire, si ce n’est demander à la gauche de se montrer plus claire au milieu de ce désenchantement démocratique ? Dans un communiqué, le collectif Nous Toutes, qui s’est réjoui de la décision du député sortant LFI Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, de renoncer à sa candidature dans le Nord, résume très bien ce qui nous habite au présent et à court terme. « En tant que féministes, nous luttons contre toutes les oppressions qui se croisent avec les violences de genre, notamment toutes formes de racismes, de précarisation, de LBTQIA-phobies, de validisme… A ce titre, nous ne pouvons que soutenir le programme du Front populaire, seule perspective réaliste à l’heure actuelle pour vivre dans une société plus juste et moins violente. » Car, un seul parti menace réellement la République : le RN. Siamo tutti antifascisti !

 

 

Florian Dacheux

TRIBUNE*

Nous, jeunes des quartiers populaires, appelons à l’union de la jeunesse pour faire front contre l’extrême droite

Le collectif du Front de la jeunesse populaire, regroupant plus de 6 000 jeunes, appelle à se mobiliser au sein du Front populaire pour lutter contre l’abstention et défaire l’extrême droite les 30 juin et 7 juillet dans les urnes.

 

Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé dimanche 9 juin la dissolution de l’Assemblée nationale, ce qui entraînera la tenue d’élections législatives dans moins de trois semaines. Nous sommes inquiet.e.s face à la possibilité d’une alliance mortifère qui se retrouverait au pouvoir. L’abstention est la plus élevée au sein de notre génération ; 60 % des 18-24 ans et 66 % des 25-34 ans n’ont pas voté aux européennes. En Seine-Saint-Denis, l’abstention générale atteint même les 68 %. Face à ce constat alarmant, mobiliser les jeunes est crucial. Nous savons qu’ils et elles ne portent pas la culpabilité de cette situation. Le racisme est un continuum. Il s’agit surtout d’une défaite des élu.e.s politiques, de tous bords. Nous ne sommes pas dupes des stratégies politiciennes et reconnaissons donc les limites et les imperfections de la gauche. Nous soulignons surtout le travail de longue haleine et de longue date des militant·e·s des quartiers, sur le terrain. C’est dans l’espoir d’un avenir porteur d’égalité que notre collectif, composé de jeunes engagé·e·s, majoritairement issu·e·s des quartiers populaires, appelle à une mobilisation sans précédent le 30 juin et le 7 juillet dans les urnes.

Des enjeux concernants

Ce vote permettra d’élire les député·e·s qui seront amené·e·s à légiférer sur des problématiques qui nous affectent au quotidien, notamment en matière de droits sociaux et de lutte contre les violences policières et les discriminations. De manière concrète, ce vote vous concerne vous, nous, la jeunesse française, pour tant de raisons. Ce vote concerne les droits des minorités racisées, alors que l’extrême droite s’est abstenue pour un plan de lutte contre les discriminations et s’est opposée à la condamnation de toutes formes de racisme.

Ce vote concerne les droits des femmes, alors que l’extrême droite a voté contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution et s’est abstenue lors du vote pour un plan de lutte contre le harcèlement sexuel, ou l’égalité salariale. Ce vote concerne la précarité, alors que l’extrême droite a voté contre l’augmentation du smic et contre le blocage des prix de produits de première nécessité. Ce vote concerne le futur de notre planète, alors que l’extrême droite a voté contre l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’UE, contre la taxation des superprofits des géants du pétrole, gaz et charbon au Parlement européen et contre une aide de 10 milliards d’euros par an pour les agriculteurs.

Enfin, pour la préservation de tous nos droits, pour lutter contre le racisme, votons pour le Front populaire. Votons contre une extrême droite dangereuse.

Faire face au double jeu de l’extrême droite par le vote

L’extrême droite n’est pas un parti du peuple, elle n’est pas l’amie des jeunes, et encore moins des marginalisé.e.s, des plus précaires. Elle est tout le contraire, elle est l’ennemie des plus défavorisé·e·s, des femmes, des juif·ve·s, des musulman·e·s, des minorités raciales et de genre.

L’extrême droite nourrit les insécurités de la France des marges, la France prolétaire et rurale – qui, à juste titre, s’inquiète pour ses fins de mois – en érigeant la figure de l’immigré voleur de travail, du jeune de banlieue violent, de la femme musulmane soumise, contre lesquels la botte du fascisme est le seul rempart. Elle attise les peurs par la diabolisation des personnes racisées, les rendant responsables de tous les maux économiques et sociaux du pays.

Or, vous, nous, jeunes, jeunes de banlieues, jeunes de la ruralité, jeunes des territoires ultra-marins, femmes, juif·ve·s, musulman·e·s, descendant·e·s de l’immigration, faisons aussi partie de cette France des marges, qui doit se battre, par le vote pour défendre les droits et libertés durement acquis ces dernières décennies.

Ce texte est un appel à l’ensemble des jeunes de France, en particulier, ceux des quartiers populaires, des territoires ultra-marins, des régions rurales, et des quartiers défavorisés : il devient indispensable de s’unir face à des partis d’extrême droite qui mettent à mal notre avenir.

Il s’agit de notre avenir et de celui de la France. Si les quartiers populaires, au sein desquels l’abstention atteint des taux plus élevés que jamais, ne s’expriment pas dans les urnes, cela profitera à l’extrême droite. Si les jeunes ne s’expriment pas massivement, cela profitera à l’extrême droite. L’extrême droite est une menace pour nous tous·tes, et c’est ensemble que nous devons la combattre. Nous, jeunes touché·e·s dans notre aspiration à la paix et à la justice notamment par la situation désastreuse à Gaza, au Congo ou encore au Soudan, pensons et espérons que le Front populaire sera la force politique la plus à même de défendre le droit international et les droits humains. Nous savons que les député.e.s seront amené.e.s à s’exprimer sur des questions internationales.

Chaque voix compte, et c’est en cela que nous appelons toute la jeunesse à se mobiliser. Vous êtes légitimes, en tant que citoyen·ne·s français·e·s à voter, et porter le bulletin de vote comme glaive de la liberté et de l’égalité.

 

*Sources Libération, 12 juin 2024

Florian Dacheux