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Mar / 31

Le deuxième roman de Sabrina Kassa : Un Noël chez les Zemmouri

By / Marc Cheb Sun /

Le deuxième roman de Sabrina Kassa,

Un Noël chez les Zemmouri

« Ce qui soude les femmes… »

2016, à Belleville, Mima Ounessa s’apprête à célébrer un Noël atypique avec sa famille. En effet, après 40 ans de présence dans une France où elle a fait tous les sacrifices pour élever ses quatre enfants suite à la disparition de son mari, Mima souhaite leur annoncer qu’elle rentre enfin en Algérie. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu. Porté par une langue fluide, ce roman nous donne à voir des personnages touchants, tangibles et modernes. Au carrefour de plusieurs identités, les enfants de Mima Ounessa se disputent son attention et se cherchent sans parvenir à se comprendre mutuellement… Un fort joli roman familial dont l’autrice nous dévoile la gestation et la démarche.

C’est votre second roman le premier abordait également l’histoire franco-algérienne sous le prisme de la famille, qu’est ce qui en fait un texte particulier ?

Mon premier livre Magic Bab El Oued, paru en 2019, se déroulait en Algérie. Mon personnage principal venait de France, allait à la rencontre des membres de sa famille et découvrait leur secret. J’ai voulu ancrer celui-ci à Paris. La manière de camper les personnages est différente. Le précédent roman était polyphonique, pour faire parler des points de vue très éloignés. Celui-ci est porté par un narrateur omniscient, dans un lieu refuge qu’est l’appartement du personnage principal. Tout se déroule en très peu de temps et met en lumière de nombreux aspects intimes de mes personnages. Je suis passionnée depuis longtemps par l’histoire franco-algérienne que je tente d’aborder sous divers angles.

 

Parlez-nous de Mima Ounessa, le personnage principal, qu’avez-vous cherchez à transmettre à travers elle ?

Ce personnage s’est imposé à moi. Elle a beaucoup de ma mère avec pas mal d’autres éléments qui disent la manière dont ces femmes immigrées se sont autonomisées. A la base je l’ai créée pour une nouvelle il y a dix ans, puis elle a refait surface comme une évidence après mon premier roman. La nouvelle a constitué la première scène et j’avais à l’esprit la conclusion. Le cheminement a consisté en la construction des autres personnages et thématiques. Ce texte a une structure assez cinématographique ou théâtrale, qui permet de s’approprier les personnages et ambiances.

 

Les enfants de Mima ont des personnalités marquées et ne semblent pas toujours se comprendre, qu’est-ce que ça traduit ?

Bien que leurs rapports et personnalités soient entièrement fictionnelles, j’avais envie de souligner ce qui soude les femmes et ce qui les met en rivalité, les positions inconfortables et les dynamiques qui se mettent en place dans une fratrie. Certaines mères ont aussi la tendance à favoriser leurs fils, et ça a des effets sur les rapports des enfants, ça peut les éloigner. Par ailleurs, les non-dits familiaux, les secrets ont aussi un effet sur le groupe.

 

Un autre personnage attachant, Eva, petite fille de la famille, quelques mots à son propos ?

J’ai remarqué dans ma vie personnelle ou lors de mes échanges avec des gens qui ont vécu des histoires traumatisantes ou complexes, que la relation avec leur petits enfants est plus profonde et authentique qu’avec leurs enfants. Ce qui n’a pas pu être révélé à sa descendance est partagé avec la génération suivante. J’aimais l’idée que ces jeunes revisitent cette mémoire, ainsi que les clivages de genre. La parole s’étant libérée, cela permet enfin une transmission.

 

Votre roman est-il un livre qui rend hommage au féminisme de cette génération de femmes ?

C’est en effet un féminisme qui n’est pas vindicatif, pas classique selon des canons occidentaux, mais ces femmes étaient dans la nécessité de répondre à des besoins vitaux, dans l’action. Au final, le respect de la parole des femmes c’est bien, mais c’est encore mieux de pouvoir avoir le choix, ainsi que la marge de manœuvre qui permet d’agir en toute liberté. C’est ce que cette génération de femme a gagné. Je voulais aussi ancrer cette idée via l’évocation de toute la lignée de femmes à laquelle appartient Mima Ounessa. Elles ont influé sur sa capacité à rebondir face à la vie.

 

Propos recueillis par Bilguissa Diallo

 

Un Noël chez les Zemmouri, Sabrina Kassa, Ed Emmanuelle Colas.

 

Photo @Francesco Gattoni

 

L’auteur participera au :

Festival de Paris, au Palais Ephémère, le 23-24 avril de 14h à 18h

Rencontre le 28 avril, Librairie Mona, 9 rue Vaugirard, Paris 6ème

Maghreb des Livres, 13-15 mai.

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Marc Cheb Sun