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Août / 18

LA PHOTOGRAPHIE CONTRE LES PRÉJUGÉS

By / akim /

LA PHOTOGRAPHIE CONTRE LES PRÉJUGÉS

Le silence des autres, projet photographique de Bharat Choudhary, saisit la vie de jeunes musulmans dans les pays occidentaux.

Qu’est-ce qui vous a inspiré ce travail ?

J’ai commencé à plancher sur ce projet en 2009 alors que j’étais étudiant à l’université du Missouri. Durant les trois premières années, aux USA et en Angleterre, j’ai travaillé sur l’impact des préjugés religieux et des stéréotypes sur les jeunes musulmans. J’ai partagé leurs histoires de luttes pour l’égalité, la citoyenneté et la démocratie dans un environnement islamophobe. En novembre 2012, je suis allé à Marseille et, là, je me suis posé la question suivante : comment l’impact des discriminations couplées à la pauvreté, au chômage, contribue-t-il à la désillusion et à la désaffection des jeunes musulmans en France ?

 

Que retenez-vous de Marseille ?

C’est une ville incontournable. Son caractère cosmopolite est le fruit d’un long passé migratoire. C’est un lieu emblématique pour comprendre la cohabitation entre les musulmans et ceux qui ne le sont pas. J’ai cherché à capter et à mettre en avant les activités de ces musulmans au quotidien, mais aussi leur comportement, leurs émotions et opinions, leur vie privée et les interactions publiques. Mon intention était, simplement, de penser une expérience communautaire : le combat de ces jeunes pour forger leur place dans la société, malgré les défaillances d’un système politique et économique qui entrave leur volonté.

 

Quelles différences constatez-vous entre musulmans américains et français ?

La plus grande différence repose sur le statut historique et socio-économique. Du fait de la politique migratoire américaine, la majeure partie des musulmans installés dans ce pays sont issus de milieux plutôt favorisés. En France, l’histoire coloniale a laissé des traces indélébiles dans la relation entre la société française et les musulmans. Nombre d’immigrants sont venus pour reconstruire le pays dès la Première, puis la Seconde Guerre mondiale. Ils ont été parqués dans des cités, loin des centres-villes. Après plusieurs générations, des difficultés perdurent dans un contexte différent : le chômage, le racisme, l’exclusion.

 

La photo peut-elle impulser une meilleure compréhension de l’expérience musulmane en Occident ?

La photographie permet de dégager certaines évidences, de saisir des conditions et circonstances de vie. Le photographe a, par essence, cette capacité à s’immiscer dans un environnement et à en extraire sa véritable substance. J’essaie d’y recourir pour questionner la perception négative qu’entretient une partie des non-musulmans vis-à-vis de ceux qui le sont.

Bharat Choudhary, Le silence des autres.

RETROUVEZ CET ARTICLE DANS LA REVUE PAPIER NUMÉRO 2

Texte : Charles Cohen

 

akim