Jan / 07
Le 22 octobre dernier, se tenait le jugement en première instance des trois lycéens qui ont attaqué l’État en justice suite à un contrôle abusif qui leur avait été imposé au retour d’un voyage scolaire. L’un d’entre eux, Mamadou Camara, revient sur les faits et le combat qui s’est engagé après l’événement.
Comment en êtes-vous venus à envisager d’engager une action en justice contre l’État ?
Le 1er Mars 2017, au retour d’un voyage scolaire à Bruxelles, trois agents de police nous ont interpellés devant toute notre classe avec mes deux camarades Ilyess Haddaji et Zakaria Haddji-MMadi. Notre professeure Elise Boscherel est intervenue immédiatement pour tenter de créer un dialogue. Ils lui ont répondu que si elle faisait correctement son travail, ils ne seraient pas en train de nous interpeler. Ils ont même insinué que j’avais un casier judiciaire, alors que c’était faux et qu’ils n’avaient surtout aucun moyen de le vérifier d’emblée. Scandalisée, la professeur est allée signaler les faits au commissariat de sa propre initiative et ceux-ci ont refusé d’enregistrer sa plainte. Le lendemain des faits, elle nous a proposé de mener une action et nous avons tous répondu oui sans hésiter. Avec son aide, nous nous sommes rapprochés d’un avocat et l’affaire a rapidement été relayée par des radios locales et les réseaux sociaux. Nous avons été soutenus.
Comment avez-vous pris le jugement et quelle suite sera donnée à l’affaire ?
Nous avons appris le 22 octobre 2018 le jugement qui ne reconnaît donc pas le contrôle au faciès au prétexte qu’il y avait d’autres élèves d’origine étrangère dans le groupe. Nous ne nous y attendions pas, parce que les faits sont très clairs. Nous étions une classe majoritairement composée de filles (toutes les études montrent que les garçons noirs et arabes sont majoritairement contrôlés) , et sur les cinq garçons de la classe, nous étions les seuls à ne pas être typés européens. Tout s’est passé en public devant témoin donc c’est assez surprenant de ne pas reconnaître l’évidence mais nous ne baissons pas les bras, nous allons continuer et faire appel. En parallèle, on lance une campagne de mobilisation. Le but est d’informer les victimes de leurs droits et de mobiliser un maximum de personnes pour que ça cesse. Nous sommes soutenus par des collectifs d’avocat et associations qui militent contre cette pratique. Un numéro est mis en place pour faciliter l’écoute et encourager à l’action. Il faut en finir avec ça. Il faut relayer l’information un maximum et faire en sorte que ceux qui souffrent de cette injustice puisse faire valoir leurs droits.
Propos recueillis par Bilguissa DIALLO
Video : https://www.facebook.com/steak.ladope.16/videos/204120077207395/
Le contrôle au faciès, parlons-en ! 06 83 60 58 27 APPEL OU SMS
DES CITOYEN.NES ET ASSOCIATIONS SE BATTENT CONTRE CES DISCRIMINATIONS :
ÉCOUTE, CONSEIL, INFORMATION JURIDIQUE, MOBILISATION COLLECTIVE