Un documentaire pédagogique aux origines de l’esclavage

Réalisé par Sonia Dauger et Xavier Lefebvre, et produit par Fanny Glissant, le documentaire Aux Origines, l’esclavage, qui sera diffusé à 21h10 sur France 2 ce mardi 13 mai, invite à une exploration émotive et profonde des racines de l’esclavage en France. À travers la démarche de six personnalités françaises aux profils divers (Joey Starr, Kalash, Marie-Laure Garnier, Guillaume Hoarau, Karine Baste et Stéfi Celma), nous plongeons dans une quête personnelle, intime et riche en révélations. Leur point commun : un passé familial en lien direct avec l’esclavage et la traite négrière. Une quête généalogique inédite.

Une diffusion en prime time sur une chaîne du service public est un pas important dans la transmission et dans la compréhension de la mémoire collective de la France sur le sujet de l’esclavage et de la traite négrière. En 2001, la loi Taubira a permis la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l’humanité. Un pas essentiel. Depuis, la marche vers une mémoire assumée a fait peu de chemin. « Ce film est un acte de mémoire et de réparation », souligne la réalisatrice Sonia Dauger. En révélant les destins de leurs ancêtres, les personnalités interrogées nous rappellent que cette quête est non seulement personnelle, mais aussi collective.

De Saint-Malo à Cayenne, le documentaire explore un pan de notre histoire longtemps méconnu : entre le XVIIe et le XIXe siècle, la France a déporté 1,2 million d’hommes et de femmes et a exploité des millions d’Africains sur son sol et dans ses colonies. « Raconter l’esclavage, c’est regarder un passé douloureux en face », déclare Frédéric Régent, conseiller historique du film.

Un message de réconciliation

En mettant en avant non seulement les descendants d’esclaves, mais aussi ceux de marchands d’esclaves et des résistants comme Toussaint Louverture, le documentaire souhaite créer un espace de dialogue. « Nous voulons sortir de la dialectique entre victimisation et culpabilisation », explique le réalisateur Xavier Lefebvre. Au tour de Joey Starr de confier : « Découvrir mes racines m’a aidé à comprendre que cette histoire fait partie de moi. (….) Je pense que je me serais construit autrement en sachant cela plus jeune. » Ce film se positionne ainsi comme une voix tierce qui libère la parole de tous les descendants, qu’ils soient victimes ou héritiers d’un passé difficile. En embrassant cette pluralité, il résonne avec notre époque et vise à réconcilier les mémoires.

Programmée sur France 2, trois jours après les commémorations du 10 mai*, cette diffusion de Aux Origines, l’esclavage est un événement incontournable. Il répond à un besoin urgent de clarifier les ombres du passé à une époque où les questions de mémoire et d’identité sont plus pertinentes que jamais. Cette histoire ne concerne pas seulement les Afro-descendants. C’est notre histoire commune, à toutes et tous. Le documentaire s’affirme non seulement comme une réflexion sur l’esclavage, mais comme un puissant message de réconciliation, un appel à réfléchir sur ce qui nous unit, au-delà des divisions. Ne manquez pas ce rendez-vous essentiel, car il ne s’agit pas seulement d’une histoire de souffrance, mais d’un récit de résilience et d’espoir pour tous.

Zaïa Khennouf

© Gedeon Programmes

* Le 10 mai est, depuis 2006, la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Le documentaire est déjà disponible sur la plateforme France.tv : 

Aux origines, l’esclavage en replay | France TV 

Joey Starr face à Cap 110, mémorial consacré à l’esclavage érigé à l’Anse Caffard en Martinique. © Gédéon