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Souleymane Diamanka : « la poésie est en nous »
Le poète et slammeur Souleymane Diamanka nous présente son nouveau show programmé le 15 décembre au Théâtre Le République à Paris. De l’héritage de ses aïeuls peuls aux racines du hip-hop en passant par les vielles cassettes audio de son père, Souleymane nous invite à croire à de lendemains meilleurs.
Nous nous sommes quittés au Festival Off d’Avignon en juillet 2023. Souleymane Diamanka rodait alors son nouveau spectacle au Théâtre littéraire Le Verbe Fou, né après avoir adapté Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, en slam. Un peu plus d’un an plus tard et plusieurs shows à travers l’hexagone, le voici de retour le 15 décembre au Théâtre Le République à Paris. Une date majeure dans son parcours créatif. « Je l’ai toujours pensé comme un spectacle évolutif, confie-t-il de sa voix grave et posée. J’ai intégré de nouveaux poèmes et il y a des nouveautés dans l’interaction avec le public. » One Poet Show ? Poésie en version stand up ? Intitulez sa proposition artistique comme vous le sentez. Depuis ses premières scènes slam au côté de John Banzaï, Grand Corps Malade ou encore Rouda, Souleymane s’est toujours démarqué. Avec élégance et virtuosité.
« Artistiquement, c’est peut-être ce que j’ai de plus abouti. C’est un spectacle qui dépeint plus de 40 ans de ma vie. Il commence avec mon ancien instituteur en CE2 qui avait ressenti chez moi une énergie poétique dans l’écriture et l’oralité. J’ai toujours eu un rapport particulier avec les mots, que ce soit à l’école ou à la maison. J’essaie de retranscrire cette histoire dans ce spectacle. Il y a des textes, comme « Chagrin des anges », qui datent de l’époque où j’étais un jeune rappeur. Mais aussi « Bonjour mon frère, bonjour vieil ami », un texte écrit récemment où je raconte tout ce parcours jusqu’à ce hip hop un peu poivre et sel que je partage aujourd’hui. C’est plus qu’un spectacle car on y entend la voix de mon père, la correspondance qu’il a eu avec ma mère. C’est comme un rendez-vous avec moi-même et les gens à qui je me présente. »
« Je crois à l’amour qu’on a pour une discipline, le temps qu’on y consacre, le fait de se faire confiance, le fait d’accepter les erreurs. »
L’occasion aussi de voir Souleymane jongler avec des balles comme il le fait avec les mots. Auteur des recueils de poèmes Habitant de nulle part, originaire de partout et De la plume et de l’épée (Points, 2021 et 2023), il immerge son public dans sa bulle. Celle d’un artiste empli de sagesse qui a toujours su garder son âme d’enfant.
« Ma passion pour la jonglerie que j’intègre dans le spectacle, c’est pour montrer que l’on peut tout apprendre. A la base, je suis quelqu’un de timide. Et la poésie m’a donné la force de m’adresser à une audience. C’est un spectacle pour dire que la poésie est en nous. Je ne crois pas vraiment au talent. Je crois à l’amour qu’on a pour une discipline, le temps qu’on y consacre, le fait de se faire confiance, le fait d’accepter les erreurs. Plus tu fais des erreurs, plus tu progresses. Je le dis tout le temps dans mes ateliers d’écriture. La poésie est l’art premier selon moi. Avant de fabriquer des instruments, des êtres humains se sont parlé et parmi eux un ou une s’est mis à faire de l’art juste avec des mots. Et c’est resté. » Carnet en main, Souleymane perpétue la tradition à sa façon. Et ce à l’aube d’un nouvel hiver peul.
Florian Dacheux
© photos de Une : Anne-Emmanuelle Thion
Bonjour mon frère
Bonjour vieil ami
De notre chemin je suis fier
Et de tout ce que la vie y a mis
L’avenue devenait une rivière
Quand on veillait la nuit
Bonjour mon frère
Bonjour vieil ami
On était jeune
On refaisait le monde
Et le le feu
Ne voit jamais son ombre
Certains ont rejoins les cieux
D’autres sont tombés en nombre
Souleymane Diamanka, Bonjour vieil ami (Extrait)
SOULEYMANE DIAMANKA le 15 décembre à 17h30 au République, Paris IIIe
Réservations ici : SOULEYMANE DIAMANKA – Le République