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Nov / 28

Prévenir les rixes grâce à la réalité virtuelle

By / La Rédaction /

Alors que les campagnes de prévention ne se montrent pas assez efficaces face aux rixes qui se multiplient en France, retour sur le colloque organisé le 19 novembre à l’Assemblée nationale. Objectif : explorer l’utilisation de la réalité virtuelle comme outil de prévention auprès des jeunes. Plus de 100 personnes ont pu visionner, via des casques de réalité virtuelle, Le Vide, film réalisé par Nadir Ioulain.

Prévenir les rixes grâce à la réalité virtuelle

Et si la réalité virtuelle était un bon outil de prévention contre les rixes ? C’est l’idée que défend l’association ACIAC (Association pour la Création et l’Innovation Artistique et Culturelle). Le 19 novembre, la députée Céline Calvez et l’association ACIAC ont réuni maires, présidents de conseils régionaux, députés, éducateurs, professionnels de la VR, journalistes et citoyens au Palais Bourbon pour visionner et discuter du film Le Vide en réalité virtuelle, réalisé par Nadir Ioulain. « C’est la première fois qu’autant de casques de réalité virtuelle sont utilisés à l’Assemblée nationale, et seulement la deuxième fois qu’ils s’y invitent », annonce l’animatrice de l’initiative. Après une présentation du projet en visioconférence par son auteur et une brève initiation sur l’utilisation de cette nouvelle technologie, chacun a enfilé son casque et ses écouteurs, pour 30 minutes de fiction en immersion.

« Parfois, les conflits ont commencé avant même que ces pauvres jeunes soient nés »

Plongés au cœur d’un quartier d’Île-de-France, nous sommes témoins des prémices d’une rixe entre jeunes de deux quartiers voisins. Le moyen-métrage témoigne de la violence des rixes et de l’absurdité de leur cause. « Parfois, les conflits ont commencé avant même que ces pauvres jeunes soient nés », affirme Mamadou Doucara, auteur d’un mémoire sur l’implication des mamans dans les rixes. Un affrontement entre jeunes éclate, et un mineur est tué. Lors d’un entretien avec la police, que la réalité virtuelle nous permet de suivre dans les moindres détails, les jeunes responsables de la rixe expliquent qu’ils ont ruiné leur vie. Le film aborde ensuite la question des victimes collatérales. En effet, les rixes mènent à un bouleversement familial souvent oublié. Le film se termine sur les témoignages d’une sœur ayant grandi sans frère et d’une mère dévastée se sentant coupable de la mort de son fils.

« On devrait montrer ce film dans tous les collèges »

Après le visionnage, place à la discussion. Une dame au premier rang est trop bouleversée pour s’exprimer. La salle semble unanime : les rixes polluent la vie des jeunes, des auteurs des affrontements comme des victimes. « Je rencontre des jeunes qui prennent des peines plus grandes qu’eux », réagit un des acteurs du film, qui côtoie des jeunes détenus impliqués dans des rixes, dans le cadre de son métier. Selon lui, ce film pourrait permettre une sensibilisation essentielle aux rixes. « La prévention, ça coûte cher, mais la violence engendrée par les rixes coûte encore plus cher, poursuit-il. Souvent, on investit dans le vide. Cette fois, ce serait bien de le faire vraiment ». « On devrait montrer ça dans tous les collèges ! », ajoute un entraîneur de boxe de Grigny, du même avis.

Cette sensibilisation paraît primordiale face à la montée des violences issues des rixes en France. Selon Europe 1, elles ont augmenté de 8% sur les premiers mois de l’année 2024, par rapport à 2023. Du 1er janvier au 30 septembre 2023, 301 faits en lien avec des bandes ont été recensés par la préfecture de police de Paris, rien que dans l’agglomération parisienne. Un éducateur spécialisé tient à rappeler que si les rixes concernent souvent des jeunes de quartiers défavorisés, elles n’ont cependant pas de frontière. Les affrontements entre bandes rivales peuvent avoir lieu partout et nous concernent tous. Les récentes rixes meurtrières à Poitiers et à Rumilly (Haute-Savoie) le prouvent.

« La VR est une arme de propagation de l’empathie contre une arme de haine massive »

Comment s’y prendre pour faire bouger les choses ? Afin de promouvoir l’initiative de l’association ACIAC, des professionnels de la réalité virtuelle prennent la parole à leur tour. Ils expliquent que cet outil peut favoriser de grands progrès en matière d’éducation. Selon eux, cette nouvelle technologie capte notre attention et pourrait permettre aux jeunes générations (les plus touchées par le phénomène des rixes), d’être pleinement sensibles aux messages de prévention. Une publication de la Harvard Business Review, estime que la VR peut améliorer le taux de rétention des informations jusqu’à 75%, contre 10% pour une lecture et 5% pour une conférence. Pour Galina Elbaz, vice-présidente de la Licra, « la réalité virtuelle est une arme de propagation de l’empathie pour lutter contre une arme de haine massive ». En effet, le caractère immersif de la VR permet à son utilisateur de se mettre à la place d’un personnage ou de s’immerger dans une situation. L’outil rêvé pour une sensibilisation efficace.

 

 

Gabriel Dubreuil