Sous-France reste ta « marque », parle-nous de ce que tu veux dire, ou raconter …
Je vais te copier ce que j’ai exprimé dans un livre photo que j’ai édité localement, c’est long mais ça raconte ma Sous-France :
Les mots m’ont souvent manqué pour exprimer un sentiment ou mes émotions, la photographie m’a permis de les extérioriser autrement que par des mots.
Le passé est une lourde chaine qui tient l’esprit captif. Son lot de drames ne cesse d’hanter le présent de nos âmes. Seul le temps apaise la douleur mais celle-ci ne cicatrise jamais vraiment. On vit avec. Et il faut avancer, tant bien que mal. Et donc tourner un regard d’espoir en l’avenir.
Un cœur meurtri par les injustices discriminantes, les stigmatisations et la souffrance du non-amour d’une mère Patrie.
Un coeur que nul médecin ne peut soigner. Accouché par voie césarienne avec complication d’une maman déloyale envers certains de ses enfants, biberonné au triptyque Liberté • Égalité • Fraternité, difficile d’avaler la pilule républicaine lorsque le bonnet phrygien tombe, et ce, dès le plus jeune âge. Tout le monde n’a pas entendu les mêmes rengaines. Petit, les miennes étaient « Sale Arabe », « Bougnoule ». La phrase « Retourne dans ton pays ? » revenait-elle, aussi très souvent.
Tout enfant a besoin d’amour pour grandir. Les manifestations de tendresse et de bonté que lui renvoie sa famille participent à son plein épanouissement.
Il en est de même de la société qui, pétrie des plus nobles valeurs républicaines, devrait être dispensatrice d’une égale bienveillance à son égard.
Les mots blessants et les conséquences psychiques qu’ils entrainent sont redoutables. Un seul mot suffit à détruire une vie.
Et quand la haine et le rejet sont martelés avec la même énergie, au rythme du « tu n’es pas français », on finit par y croire.
Aujourd’hui encore, beaucoup d’enfants et de jeunes me répondent qu’ils ne sont pas français, égarés qu’ils sont dans les méandres tortueux de la psyché adolescente. À qui la faute ?