Palestine : la nouvelle déclaration d’Avignon">
Juil / 13
L’histoire se répète. Trente ans après la Déclaration d’Avignon qui avait vu des artistes tels que Ariane Mnouchkine, Patrice Chéreau ou Maurice Béjart dénoncer les massacres en cours en ex-Yougoslavie, une « Nouvelle Déclaration d’Avignon » a été prononcée sur la place du Palais des Papes samedi 12 juillet pour alerter l’opinion publique en cinq langues sur les massacres orchestrés par l’État israélien à Gaza et dans les territoires occupés. Peu avant 20h, de grands noms du spectacle vivant se sont présentés face au millier de personnes réunies. Au côté de Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, se sont succédé au micro Laurence Chable, co-fondatrice du Théâtre du Radeau au Mans, le chorégraphe marocain Radouan Mriziga, la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker, le metteur en scène suisse Milo Rau, le metteur en scène argentin Marcial Di Fonzo Bo, sans oublier Pascal André, infectiologue humanitaire qui s’est rendu plusieurs fois à Gaza. Et si, comme Jacques Chirac en 1995, le président de la République Emmanuel Macron réagissait ? Nous publions ici leur tribune collective.
Palestine : la nouvelle déclaration d’Avignon
«Nous, gens du spectacle, réunis à Avignon parce qu’un tel festival est aussi celui de la parole publique et des exigences civiques, ne nous résignant en rien à la désertion des démocraties devant le pire, donnons lecture de la Déclaration d’Avignon. »
Ainsi commençait un texte lu en 1995 dans la Cour d’honneur du palais des Papes. Un texte qui rappelait le nettoyage ethnique en cours en ex-Yougoslavie, demandait que les responsables reconnus soient traduits en justice, affirmait sa solidarité avec le peuple bosniaque, et réclamait a minima l’application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Trente ans plus tard, nous, femmes et hommes du spectacle, réunis à Avignon parce qu’un tel festival est aussi celui de la parole publique et des exigences civiques, ne nous résignant pas à l’impuissance, ni à l’invisibilisation du crime, déclarons notre solidarité avec le peuple palestinien.
Nous exigeons la cessation du massacre de masse en cours ayant déjà tué un nombre effroyable d’enfants. Nous dénonçons la politique destructrice de l’État d’Israël. Nous appelons à la reconnaissance de l’État palestinien, à l’application des sanctions prévues par le droit international, à la suspension de l’accord d’association UE-Israël, et à l’arrêt de la criminalisation des prises de parole et des associations soutenant la cause palestinienne. Nous appelons enfin toutes et tous à rejoindre les mobilisations en cours.
En 1995, la Déclaration d’Avignon avait été saluée par le président de la République, affirmant que « dans ce contexte, des prises de position telles que l’appel d’Avignon concourent très utilement à la mobilisation ». Si les situations ne sont pas les mêmes, il nous paraît essentiel de prendre à nouveau publiquement position en soutenant, dans tous les pays, Israël compris, les sociétés civiles mobilisées pour la justice en Palestine. Il y va de notre humanité commune et des droits humains. Trente ans plus tard, il est douloureux mais absolument fondamental de devoir rappeler qu’une vie palestinienne vaut une vie israélienne et toute autre vie humaine.
Nous sommes contemporains, après des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes génocidaires, de ce qui se dessine comme la disparition programmée d’un peuple, et notre responsabilité collective à toutes et tous est engagée.
Photos © Florian Dacheux
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