Avr / 02
On est allé voir le film « De nos frères blessés’
Plongée dans l’Alger des années 1950, au début de la guerre d’indépendance, De nos frères blessés retrace l’histoire d’un couple pris au piège du « terrorisme » en temps de lutte contre l’occupation coloniale.
Adapté d’une histoire vraie, Vincent Lacoste y campe le rôle de l’indépendantiste pro-algérien Fernand Iveton tandis que l’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps y joue son épouse, solidaire de son mari risquant la peine capitale. En effet, condamné pour avoir laissé une bombe sur son lieu de travail, Iveton reçoit le soutien inconditionnel de sa femme, pourtant hostile à l’indépendance algérienne. Immigrante polonaise, la sublime Hélène met tout en œuvre pour sauver la vie de son mari. Le film montre les contradictions dans lesquelles sont pris les deux personnages sous le prisme d’une période encore traumatisante pour les Algériens et les Français.
Nous voyageons dans une Algérie « française » et malgré le contexte, cela en devient presque agréable. Peut-être le réalisateur aurait-il pu d’avantage mettre en avant la souffrance des Algériens provoquée par la colonisation et la guerre.
Le film réussit cependant la contextualisation d’un exemple précis : L’histoire d’une injustice provoquée par le modèle colonialiste français. Alors que la bombe cachée par Iveton ne visait à blesser, ni tuer personne, il sera tout de même condamné à la peine de mort. Le spectateur est alors emporté dans une histoire d’amour passionnante entre deux personnages pourtant opposés politiquement. Tandis que de nombreuses archives sont désormais déclassifiées sur les massacres commis lors de cette guerre, ce film est une façon très romancée d’entrer dans cette période douloureuse de l’histoire franco-algérienne. On aurait souhaité un contenu narratif et/voire visuel plus critique vis-à-vis du pouvoir français de l’époque. On aurait également pu attendre d’avantage d’un Vincent Lacoste, quelque peu en difficulté à jouer un personnage algérien. Mais De nos frères blessés incite à approfondir la qualité cinématographique sur le sujet. Nous attendons désormais que le monde du cinéma se saisisse d’avantage de cette période afin de travailler à la rendre transparente, ce qui nécessite encore d’effectuer un travail de mémoire conséquent pour pacifier la société française et algérienne.
Ekim Deger