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Avr / 18

Les musiques arabes s’exposent à Paris

By / akim /

Les RDV de Zaïa

Les musiques arabes s’exposent à Paris

La Philarmonie de Paris accueille jusqu’au 19 août l’exposition Al Musiqa, voix et musiques du monde arabe. L’établissement culturel invite ses visiteurs à s’éloigner «des débats politiques, tels qu’ils sont véhiculés par les médias (et qui), éludent trop souvent la question de l’identité culturelle et de la richesse du monde arabe».  

Je m’y suis rendue ! 

Billet en main, me voilà accueillie par Alaa Wardi qui, par vidéo interposée, m’explique «L’évolution de la musique arabe» version beat-box. Percutant!

La première salle m’apaise : paysages de désert, lumière tamisée. Avec mon casque, je branche, débranche, et j’écoute. J’apprends des destins de femmes, je les écoute déclamer la poésie de cette période pré-islamique. Soudain, j’entends le Adhan (appel à la prière) et suis happée vers la salle suivante dédiée à l’Islam.

Bilal, esclave noir devenu premier muezzin, m’accueille et me raconte son histoire. Autour de moi courent des enfants et je réalise qu’une tente bédouine est installée au fond de la pièce. Plongés dans une scénographie pensée par Matali Crasset (connue pour ses réalisations facilitant «la transmission et l’appropriation»[1]), l’exposition nous promet «un voyage visuel et sonore» et «des repères pour mieux déconstruire les  clichés». Bon, pour le moment, je ne suis vraiment pas déçue.

La suite du parcours est une invitation à replonger en enfance. Sur ma droite : une table, des puzzles zelliges inspirés des mosaïques des palais arabo-andalous. Je m’y installe et me prends au jeu ! Des chants d’oiseaux rythment ma réflexion et je m’amuse des enfants qui sautent sur le tapis magique interactif au centre de la pièce. Cette section est dédiée à la musique de cour, la musique arabo- andalouse née de l’Histoire des invasions.

Dans la salle suivante, je suis subjuguée pas la beauté des images proposées : deux portraits géants, grandioses de Maïmouna Guerresi me fixent, et me déconcertent. Ici, la musique se fait mystique, elle se mêle aux cultures d’Afrique, du Maghreb. J’y jette un oeil: jeu de construction, instruments à tester, écriture de son prénom en arabe : enfants et parents semblent ravis.

Golden Door, série Giants, Maïmouna Guerresi, 2011

Au loin, je perçois des bribes de chansons d’Oum Kalthoum, la diva égyptienne.Face aux reproductions des tenues de la Grande dame, on me conte son concert de six heures à l’Olympia… On m’explique le quart temps des musiques orientales, on me laisse jouer de la derbouka, et je découvre les liens intimes entre cinéma et musique en Egypte au siècle dernier. 

J’avance et, sans m’en rendre compte, je reviens lentement à la modernité, et retrouve quelques repères dans la salle dédiée aux musiques de l’exil.Dalida chante Salama Ya salama, je me pose aux tables en formica façon années 60 et me sens comme à Barbès, dans un café où je peux jouer aux dominos. Assise, je regarde les photos Harcourt des artistes immigrés de l’époque, si dignes, les yeux pleins d’espoir.Allez debout : je branche mon casque, Rachid Taha me chante sa version de Douce France, Natasha Atlas celle de Mon amie la rose.

Le pont entre les mondes est là : la musique l’a construit.J’avais presque oublié être en 2018 mais en entrant dans la dernière section, comme on entre dans une épicerie arabe. Je trouve des produits plus modernes, à la demande : je reprends pied dans le 21e siècle ! Al musiqa : c’est une exposition pour confronter notre identité à la richesse culturelle du monde arabe. En famille, seul, peu importe, le dépaysement est garanti.

LES RDV DE ZAÏA :

Texte : Zaïa Khennouf

Photo de couverture : « Evolution of Arabic music », Alaa Wardi, 2016 @Alaa Wardi, Youtube

Photo dans le corps de texte :@Maïmouna Guerresi   http://www.maimounaguerresi.com/

[1] Site internet de Matali Crasset

 

akim