Sep / 17
Nous sommes allés voir Dahomey, un documentaire qui nous plonge avec brio dans le retour, en novembre 2021, des trésors royaux du Bénin. Les restitutions d’œuvres d’art seront l’un des grands enjeux du XXIe siècle entre l’Europe et l’Afrique.
Le retour des trésors royaux pillés au Bénin
Ours d’or du meilleur film à la dernière Berlinale, le documentaire Dahomey, de Mati Diop, est une vraie réussite. En salles depuis le 11 septembre, cette œuvre formelle de la cinéaste franco-sénégalaise suit la restitution au Bénin, en novembre 2021, de vingt-six œuvres d’art pillées en 1892 par les troupes françaises coloniales. Tout débute au Quai Branly, ce musée si cher à Jacques Chirac… Des techniciens emballent les œuvres avec délicatesse. L’une d’elles est une statue anthropo-zoomorphe représentant le roi Ghézo (qui régna de 1818 à 1858). Une statue qui devient personnage par le biais d’une voix off, nous racontant son retour au pays. Mati Diop nous emmène ensuite au Bénin où le terme « Historique » figure à la Une de tous les journaux locaux. A Cotonou, l’arrivée de ces artéfacts royaux pillés suscitent admiration et fierté. Les jours suivants, Mati Diop nous plonge au cœur d’un débat animé entre les étudiants de l’université d’Abomey Calavi. Pendant que certains estiment que « restituer 26 œuvres sur 7000 est une insulte », d’autres insistent sur l’aspect historique du moment qui met en évidence l’ingéniosité des ancêtres et le patrimoine légué. « Ce qui a été pillé, c’est l’âme », rebondit un étudiant, quand d’autres réclament « une mobilisation générale pour tout récupérer afin de pouvoir raconter notre histoire à nos enfants ». Le sujet de la marginalisation des langues locales par les colons est également évoqué. Bref, le débat fait rage et c’est bon signe !
Florian Dacheux