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Déc / 12

Face au racisme structurel : que faire ?

By / La Rédaction /

Face au racisme structurel : que faire ?

Alors que les violences racistes augmentent fortement en France, que l’indice de tolérance à l’égard des minorités fléchit selon le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), et que la menace de l’extrême droite est plus que jamais d’actualité, l’Inter-Réseaux Mémoires-Histoires et Tactikollectif ont organisé deux jours de rencontres à FGO Barbara à Paris les 23 et 24 novembre. Avec la mémoire et l’histoire au centre pour lutter contre la haine.

Alors que la force du préjugé raciste est tenace et plus que jamais d’actualité, l’Inter-Réseaux Mémoires-Histoires et Tactikollectif ont organisé deux jours de rencontres et de discussions autour de sujets primordiaux. Comment réagir face aux violences racistes ? Comment sensibiliser ? Et comment mobiliser plus de monde dans le combat contre la xénophobie et les discriminations ?

Mustapha Amokrane, directeur artistique de FGO-Barbara © Tactikollectif

 

Lors d’une première table ronde, des acteurs du milieu associatif ont discuté de la radicalisation de certains discours idéologiques, visant à imposer une identité nationale figée, tout en pointant du doigt la normalisation de récits discriminants. En manipulant les faits et en brouillant les liens entre histoire coloniale et migrations contemporaines, ces récits instrumentalisent l’histoire pour justifier des logiques d’exclusion. Pour lutter contre cette tendance, les intervenants sont unanimes : il faut effectuer un travail de mémoire.

Histoire commune : « nous avons ce devoir de transmettre »

Pour Almamy Kanouté, travailleur social engagé sur les questions d’injustice sociale, « l’Education nationale n’assure pas ce travail de mémoire »« Je n’ai pas appris mon histoire et mon identité grâce à l’Education nationale, mais grâce aux anciens, à mes parents, à ces adultes qui avaient le réflexe de nous transmettre ce devoir de mémoire », affirme ce membre de l’Assemblée des quartiers. Selon lui, nous avons ce « devoir de transmettre ». Il ajoute que pour lutter contre les violences racistes et la haine, « nous sommes obligés de passer par la case politique ». Il est notamment en faveur du retrait de la statue de Colbert à l’Assemblée nationale, ministre de Louis XIV à l’initiative du Code noir en 1685, qui a légiféré l’esclavage.

« Devenir acteurs politiques et non pas seulement consommateurs »

Nasteho Aden, conseillère municipale et territoriale à Stains (93) et militante afro féministe et anti-raciste, le rejoint sur ce point. Selon elle, alors que les préoccupations du Nouveau Front Populaire n’abordent pas la question antiraciste, les personnes qui vivent les violences racistes au quotidien doivent « devenir acteurs politiques, et non pas seulement consommateurs ». « Nous sommes les sujets de l’expérimentation, donc les plus à même à en parler », ajoute-t-elle. Elle évoque ensuite le projet de Nouveau Front Populaire Antiraciste créé par la chaîne Histoires Crépues, dont le but est de réécrire l’ensemble des mesures du NFP avec toutes les mesures anti racistes qu’il manquait, afin de rappeler au rassemblement de gauche cette thématique qui ne doit pas être oubliée.

Concert Raï Train – Cheikha Hadjla © Tactikollectif

 

De son côté, Antoine Grande, historien et spécialiste des politiques de mémoire, appelle, à « prendre du recul sur l’histoire des luttes » afin de voir ce qui a été fait, ce qui est possible et ce qui est regrettable. Aussitôt dit, aussitôt fait. La sociologue Camille Gourdeau clôture la table ronde par un cours condensé sur l’histoire de la mobilisation antiraciste. D’autres initiatives ont rythmé le week-end. Parmi elles, une deuxième table ronde intitulée l’histoire contre la haine : médias et culture, un concert de Raï train, (une formation itinérante qui rassemble Cheikha Hadjla, Kenzy Bourasa et Nassim Kouti, des artistes de la culture Raï et nord-africaine, offrant au public un moment festif et populaire autour de leur univers musical) et des ateliers thématiques.

Une pièce de théâtre sur les quartiers populaires au prisme de la jeunesse

La pièce de théâtre Vivaces a également été présentée par le collectif Kygel Théâtre, suite au projet POP-PART : une recherche participative sur les quartiers populaires au prisme de la jeunesse.

Vivaces – Cie KYGEL © Tactikollectif

 

Lors de la représentation, les jeunes comédiens nous font part de leurs réflexions sur leur quotidien, de leur rapport à l’engagement social, à la famille et à la sexualité. De leurs expériences autour de violences racistes, ou encore de leur rapport à la religion. Ils semblent sincères, pourtant les textes ont été écrits par d’autres jeunes issus de quartiers populaires. « La pièce traite de sujets dont on parle nuit et jour, pourtant, elle n’a pas accès à tous les espaces pour nourrir le débat public », regrette Guy Lafrance, metteur en scène de Vivaces.

 

 

Gabriel Dubreuil

© Crédit Photos : Tactikollectif