Oct / 09
« Faire le lien entre les discriminations ». Tel est le message majeur que Lilian Thuram a tenu à faire passer à nos jeunes reporters d’Epinay-sur-Seine.
Éducation contre le racisme : entretien vidéo avec Lilian Thuram
C’est dans le cadre du cycle d’ateliers mémoire & journalisme, entamé en novembre 2023 avec les jeunes reporters du Conseil Municipal des Enfants d’Epinay-sur-Seine, qu’une rencontre a eu lieu au printemps dernier avec Lilian Thuram. Pendant près de deux heures, l’ancien défenseur de l’Equipe de France de football (vainqueur de la Coupe du Monde en 1998) nous a reçus au siège de sa Fondation d’éducation contre le racisme à Paris. L’occasion pour les jeunes d’échanger longuement sur les objectifs et combats de sa Fondation, son expérience du racisme ou encore son regard sur l’actualité. Au-delà d’avoir insisté sur le fait que le racisme est une construction intellectuelle, politique et économique, Lilian Thuram n’a pas hésité à transmettre de nombreux conseils aux jeunes, à l’heure où les discriminations perdurent.
Extrait : « Ce qui est pour moi fondamental, c’est que les personnes qui pourraient subir le racisme, le sexisme, l’homophobie ou les problématiques de religion, finissent par comprendre qu’ils n’ont pas de problème. Ce sont les racistes qui ont un problème. (…) Ce sont avant tout des violences et il faut faire très attention de ne pas reproduire certains schémas. (…) C’est d’avoir l’intelligence de ne pas juger les gens sur leur couleur de peau, sur leur religion, leur genre ou leur sexualité. Pour cela il faut qu’on puisse discuter avec les enfants pour ne pas reproduire des schémas qui hiérarchisent des gens. (…) C’est faire en sorte de faire le lien entre les discriminations. Chacun de nous, nous devons être en capacité de protéger l’autre. »
Alors que nous avons encadré un reportage à Nantes, ancien premier port négrier français, avec nos jeunes reporters, Lilian Thuram est revenu sur l’importance de travailler de nos jours sur le sujet de l’esclavage et de la traite négrière. « C’est réfléchir sur la société dans laquelle nous nous trouvons. Ce qui est très intéressant dans l’analyse de l’esclavage transatlantique, c’est comment on a construit la racialisation du monde. (…) On a construit l’idée qu’il y aurait des personnes dites noires inférieures et des personnes dites blanches supérieures. Et nous sommes le fruit de cette histoire. »
Recueilli par Ikram, Mila, Sarah, Aya, Mouhamed et Iness.
Encadrement : Florian Dacheux, Aziz Oguz et Madeleine Da Costa