Oct / 27
Chronique cinéma sur La Petite Dernière, film réalisé par Hafsia Herzi. Une chronique signée Marc Chebsun.
Cinéma : je suis allé voir “La Petite Dernière”
C’est un film très attendu. Pas évident d’adapter ce livre dont la simplicité travaillée est la marque de fabrique, depuis ce genre méprisé (notamment pas les auteurs hommes) qu’est l’autofiction. La petite dernière, le livre, a beaucoup fait parlé de lui, surtout de sa forte thématique et de son personnage central, une jeune femme lesbienne et musulmane. Moins pour sa stylistique épurée et très réussie, aussi intéressante que son propos.
Le film maintenant : parcouru de scènes fulgurantes (pride, scènes de bars queer, intérieurs familiaux), magistralement interprété par Nadia Melliti – assurément une révélation-, Ji-Min Park, très touchante, et Amina Ben Mohamed, superbe maman de La petite dernière. Un ton, un souffle, un propos au rythme des balbutiements de l’héroïne que Nadia Melliti habite avec son corps, sa gestuelle, tout autant que par ses regards et questionnements. Hafsia Herzi est une réalisatrice qui a sa patte, abusivement comparée à Kechiche – comme s’il était pertinent de devoir lui chercher « un grand frère » inspirant. Herzi, c’est Herzi. Elle fait partie de ces réalisatrices (comme Alice Diop ou Catherine Corsini) qui font bouger le cinéma français, avec leurs récits, et aussi avec leurs formes.
Un regret : une scène déterminante pour saisir la relation du personnage à la religion (l’entretien avec l‘imam de la mosquée de Paris, qui interprète son propre rôle) pourrait être plus forte, plus déstabilisante (elle l’est pour le personnage), moins attendue.
Enfin, et ça n’a rien d’un détail technique, le film d’1h45 aurait pu se limiter à 1h30 car une des forces du récit de Fatima Daas, c’est aussi sa brièveté.
Comme un flash dans une vie, un flash qui laisse toutes les portes ouvertes.
Marc Chebsun
©️June-films-Katuh-studio-Arte-France-mk2films