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Avr / 13

Changer de regard sur les banlieues

By / La Rédaction /

Du 11 avril au 17 août 2025, le Musée de l’histoire de l’immigration du Palais de la Porte Dorée à Paris présente Banlieues chéries, une exposition ambitieuse qui explore les banlieues à travers le prisme de l’art, de l’histoire et des luttes sociales. Une immersion sensible dans des territoires trop souvent stigmatisés.

Changer de regard sur les banlieues

Et si le cœur de la ville battait en périphérie ? L’exposition Banlieues chéries renverse les regards et redonne aux banlieues – ces espaces pleins de vie souvent stigmatisés – leur beauté singulière, leurs accomplissements et leur complexité. Si le titre de l’exposition est au pluriel, ce n’est pas un hasard. L’objectif est clair : recadrer les clichés sur les banlieues et mettre en avant leur diversité. « L’idée est de montrer qu’il y a autant de définitions de banlieue que de personnes qui y vivent », résume Horya Makhlouf, critique d’art et membre du commissariat de l’exposition.

 

Des regards pluriels pour un territoire pluriel

Aux manettes avec elle : Aletaïa, artiste, ainsi que Susana Gállego Cuesta, conservatrice du patrimoine et directrice du Musée des Beaux-Arts de Nancy. Une solide équipe artistique renforcée par un conseil scientifique composé de l’historien Emmanuel Bellanger, l’écrivaine Cloé Korman et la chercheuse-journaliste Chayma Drira. La diversité des regards réunis pour concevoir l’exposition donne immédiatement le ton. Et cette richesse se retrouve dans la forme. Banlieues chéries impressionne par la variété des médiums et l’ampleur de sa matière : plus de 200 œuvres rassemblées. En déambulant dans les couloirs de l’exposition, on passe des tableaux de Monet aux photographies de Mohamed Bourouissa, des banderoles militantes aux textes de Victor Hugo et des clips de la Mafia K’1 Fry aux installations d’Alexia Fiasco. L’exposition navigue entre les disciplines et les époques pour raconter les banlieues dans toute leur complexité. 

 

Trois temps pour des territoires en mouvements

Le parcours se décline en trois parties. La première, Banlieues douces-amères, revient sur les différentes fonctions de ces terrains à travers l’histoire, de villégiatures princières sous l’Ancien Régime aux lotissements goudronnés d’aujourd’hui, en passant par la banlieue romantique des promenades du 19e siècle. La seconde, De l’intime à l’esprit de quartier, explore les univers singuliers qui composent ces territoires à travers des récits personnels. Enfin, Banlieues engagées aborde les luttes portées dans ces espaces trop souvent négligés, comme la Marche pour l’égalité de 1983 ou les émeutes de 2005.

L’exposition se termine sur une note sensible : un studio d’écoute où résonne une playlist de plus de cinq heures de musiques françaises consacrées aux banlieues. Si le rap y occupe une place naturelle, il n’est pas seul : la chanson française aussi, bien avant lui, racontait déjà la vie dans ces territoires en périphérie. Une façon de dire que les banlieues ont toujours été chantées, rêvées, vécues, bien plus qu’elles n’ont été écoutées.

 

Gabriel Dubreuil