L’ÉNERGIE NUMÉRIQUE par Balla Fofana

Oct / 20

L’ÉNERGIE NUMÉRIQUE par Balla Fofana

By / akim /

L’ÉNERGIE NUMÉRIQUE par Balla Fofana

Dès le CP !

Créée en 2009, l’Académie en ligne est une initiative du ministère de l’Éducation nationale. Le site propose les programmes, actualisés chaque année, des matières générales (maths, français, histoire…)

du CP à la terminale. Pas une école de substitution, mais une initiative qui permet aux élèves d’avoir accès à des cours et synthèses de qualité. Un outil de plus pour les parents qui suivent de manière assidue la scolarité de leurs enfants. Toutefois,

les familles exclues du numérique restent hors jeu. Un pas de Lilliputien, c’est sûr, vers la démocratisation de l’enseignement via le numérique. Mais un pas quand même.

www.academie-en-ligne.fr

Jusqu’à la fac…

Depuis 2012, le Massive Open Online Courses ou MOOC, traduction « cours en ligne massivement ouverts », provoque un raz de marée dans le monde universitaire. Aux États-Unis, plusieurs plates-formes en ligne existent déjà – Coursera, Canvas, Udacity et bien d’autres. Le MOOC, c’est une entrée virtuelle dans des universités prestigieuses, Harvard, Berkeley, Stanford… L’étudiant reçoit des enseignements riches et esquive les frais d’inscription stratosphériques des universités. Il accède en ligne à des supports pédagogiques innovants (vidéos, forums de discussion, d’échange). Si les cours sont gratuits, l’obtention d’un diplôme ou d’une certification reste payante. Et les écoles françaises entrent dans la danse ! Télécom Bretagne et l’École centrale de Nantes ont lancé ITyPA (Internet Tout y est Pour Apprendre), le premier MOOC francophone. Enfin, depuis 2013, l’École polytechnique Paris-Saclay est le premier campus français à rejoindre la plate-forme américaine Coursera. La startup californienne compte huit millions d’utilisateurs. Outils de démocratisation, les MOOCs ne remplacent pas encore l’enseignement universitaire traditionnel. Mais le numérique sera, assurément, le partenaire incontournable de l’école de demain. B.F.

Encore marginalisés

La question du développement numérique dans les Outre-Mer est toujours d’actualité. Les offres des fournisseurs internet sont mensuellement vingt à trente euros plus chères, et pour des prestations inférieures (très peu d’accès à la 4G). En plus de l’exclusion par le prix, l’exode massif de la jeunesse des îles complique l’adaptation des populations locales (souvent âgées

et délaissées) aux outils numériques. B.F.

Exclusion numérique

Internet a révolutionné le xxie siècle. Son utilisation s’est démocratisée, 82 % des ménages sont connectés1. Toutefois, si la fracture numérique territoriale se résorbe en France, un nouveau drame pointe le bout de son nez. Nous sommes dans l’ère de l’« exclusion numérique ». Une exclusion quatre saisons qui ne connaît aucune trêve. Elle frappe des deux côtés de la pyramide de l’âge. Comme l’explique Claire Monod, ex-élue au conseil régional d’Île-de-France et déléguée aux quartiers prioritaires pour la Ville de Paris, « 20 % de la population ne sait pas se servir des outils informatiques ! Dans les missions locales le chiffre monte à 50 % ! Pendant longtemps on a dit : C’est les vieux. Aujourd’hui on se rend compte que certains jeunes sont branchés sur Facebook mais sans avoir d’adresse e-mail et sans savoir envoyer de courriel. » Comment expliquer le paradoxe d’une génération branchée numérique, mais en partie… déconnectée ? Selon Médiamétrie, 79,2 % des jeunes  sont équipés de smartphones. Les principales utilisations du phone connecté chez les 15-24 restent, à 80 %, les réseaux sociaux,  le téléchargement et la consultation d’applis (64,1 % et 61,7 %). Une consommation de niche qui les exclut des autres champs du net. Le président Hollande s’est emparé du sujet et souhaite une « France exemplaire » en la matière.

Son gouvernement planche sur un label Grande École du numérique. À cela s’ajoutent des promesses en matière d’e-éducation qui devraient se concrétiser à la rentrée 2016 dans le cadre du Plan pour le numérique à l’école. Mars 2015 : les contours et détails restent encore assez flous… Septembre 2015 : le Gouvernement annonce le lancement de la Grande École du Numérique et du premier appel à labellisation de “Fabriques du numérique”. Alors, dans l’attente d’un bilan de ces nouvelles mesures, notre conseil de classe a statué : « Doit faire ses preuves. »  Balla Fofana

1. Source : Observatoire du numérique (2013).

QUE S’EST-IL PASSÉ DEPUIS ? VOIR EN BAS DE PAGE.

« Le taux de chômage dans les quartiers populaires est deux fois plus élevé que la moyenne nationale, atteignant parfois 40 %. Plus de cent trente mille élèves sortent du système scolaire chaque année. L’ère de l’internet industriel, du numérique dans tous les métiers, est une source d’opportunités professionnelles pour ces jeunes. Au moins cinquante mille emplois sont à pourvoir dans le secteur d’ici à 2017 ! ». Rost, Artiste, président de Banlieues Actives, vice-président de Banlieues numériques

Des formations gratuites

La société civile prend le relais en matière d’éducation, de sensibilisation. Les initiatives privées et associatives tentent de colmater les brèches de l’exclusion numérique. L’école 42, créée par Xavier Niel (patron de Free) et Nicolas Sadirac, forme en trois ans des promotions de plus de neuf cents élèves. De son côté, Simplon.co, la « fabrique sociale de codeurs », a monté avec Centrale Marseille une formation à destination des jeunes issus des quartiers prioritaires. L’université de Haute-Alsace a lancé UHA 4.0, « une école du numérique sans cours, sans examen, sans stress ». Toutes ces alternatives éducatives sont gratuites et accessibles sans le bac. Elles proposent une pédagogie collaborative, « de pair à pair », axée sur la création de projets numériques. Les Compagnons du développement apprennent aux enfants la programmation informatique grâce aux ateliers du Kids Coding Club. D’autres initiatives se développent dans le cadre familial avec les « Coding goûters », où parents et enfants apprennent à programmer ensemble en région Centre, en Île-de-France et en Midi-Pyrénées. Dans le Nord-Pas-de-Calais, Le réseau des Espaces citoyens numériques regroupe, autour du label ECN-Ville de Roubaix, des structures, associatives ou publiques, engagées sur un projet d’intérêt général : être les lieux de proximité dédiés à l’accompagnement au développement des technologies numériques, et réduire les fractures d’usage. Ces initiatives réussiront-elles à insuffler un changement de logiciel dans l’Éducation nationale
et dans les autres ministères ?
B.F.

École 42 : http://www.42.fr/ 

Université de Haute-Alsace : http://www.uha.fr/

Simplon.co : http://simplon.co/ : http://simplon.co/simplonmars

Les Compagnons du développement : www.co-dev.org

« Coding goûters » : http://www.codinggouter.org/

Le web analphabétisme

Une partie de la société française est frappée de web analphabétisme. On fabrique des utilisateurs passifs qui ne s’interrogent pas sur les outils qu’ils ont entre les mains. La « génération connectée », ou digital natives, donne pour certains de bons consommateurs, sans pour autant qu’ils soient des citoyens adaptés à une société numérisée. Incapables de gérer leur identité numérique, ils n’ont pas de culture digitale. Exemple : ils ne savent pas que les photos qu’ils publient sur Facebook ne leur appartiennent pas. Un pays a tout intérêt à ce que ses citoyens deviennent des consommacteurs avertis, qui comprennent comment fonctionnent les sites, les blogs et à quoi ils servent. Pour sortir de cet analphabétisme, le B,A, BA du numérique – le code informatique – doit s’inviter à l’école avec un projet pédagogique réfléchi. Il est urgent de repenser les cours de technologie devenus old school. Vite ! Célébrons, du CP à la terminale, la naissance d’une nouvelle matière : science informatique et culture numérique. Formons les enseignants en techno informatique pour permettre aux citoyens de demain de gagner en créativité et d’appréhender une société complexe. Travaillons à l’inclusion numérique des publics les plus fragiles qui feront le génie français de demain.  Balla Fofana

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